Dag Hammarskjold © EPA

L’ONU veut rouvrir l’enquête sur la mort mystérieuse de Dag Hammarskjold

En 1961, le deuxième secrétaire général de l’ONU, le Suédois Dag Hammarskjold, décède mystérieusement. L’Organisation des Nations Unies a estimé lundi qu’il fallait poursuivre les recherches et prendre en compte l’hypothèse d’une attaque aérienne contre son avion.

Dag Hammarskjold avait été tué le 18 septembre 1961 quand son DC-6 s’était écrasé près de Ndola, en Rhodésie du Nord, l’actuelle Zambie. Des témoins ont évoqué la présence d’un ou plusieurs avions à réaction qui auraient pris en chasse le DC-6 et l’auraient abattu – on parle souvent d’un Fouga Magister piloté par un Belge.

Dans un rapport rendu public lundi, une équipe d’experts indépendants nommés par l’ONU jugent que ces témoignages ont « une valeur probante modérée ». Dans une lettre annexée au rapport, l’actuel secrétaire général, Ban Ki-moon, souligne que ces nouveaux éléments « ont une valeur probante suffisante pour faire de l’attaque aérienne ou d’un autre fait d’origine extérieure une hypothèse à prendre en compte ». Le rapport écarte ou minimise d’autres explications (détournement, sabotage de l’appareil, fatigue de l’équipage).

Ban Ki-moon se déclare « d’avis qu’une nouvelle enquête serait nécessaire pour établir définitivement les faits ». Il « exhorte de nouveau les Etats membres à divulguer et à déclasser les informations dont ils pourraient disposer », en particulier sur une éventuelle attaque.

Les enquêteurs expliquent avoir demandé en vain aux autorités américaines et britanniques certains documents classés secrets émanant de leurs services de renseignement. Il s’agit notamment d’enregistrements de conversations dans le cockpit de l’avion et de messages radio que l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) aurait réalisés en 1961.

Dans les archives de la CIA et de la NSA

Washington a répondu avoir fouillé les archives de la CIA et de la NSA et « n’avoir trouvé aucun document correspondant à (cette) description », selon une lettre annexée au rapport. Par contre d’autres documents concernant cette affaire se trouvent dans les archives mais ils « restent top secret et ne peuvent être divulgués ».

Le gouvernement britannique a lui aussi opposé une fin de non-recevoir aux demandes de la commission d’enquête. Elles concernaient un agent du MI6 (services de renseignement britanniques) présent sur place au moment de l’arrivée de l’avion de Dag Hammarskjold en Rhodésie du Nord, qui était alors un protectorat britannique.

En réponse, précise le rapport, le gouvernement britannique a répondu « ne pas être en mesure de rendre publics pour des raisons de sécurité » les documents demandés et n’avoir pas retrouvé d’autres « documents pertinents ».

L’ONU a nommé en mars dernier une équipe d’experts indépendants afin de rouvrir l’enquête sur les circonstances mystérieuses du décès du diplomate suédois. Il effectuait alors une mission de paix au Congo nouvellement indépendant et devait rencontrer le dirigeant du Katanga qui avait fait sécession du Congo et proclamé son indépendance, Moïse Tshombe.

A la demande de la Suède, l’Assemblée générale de l’ONU avait décidé en décembre 2014 que des experts indépendants devaient poursuivre le travail d’investigation déjà entamé par la Commission Hammarskojld en 2013.

L’équipe d’experts était dirigée par le Tanzanien Mohamed Chande Othman, ancien procureur en chef du Tribunal international pour le Rwanda. Il était assisté de Mme Kerryn Macaulay, représentante de l’Australie au Conseil de l’Organisation de l’aviation civile internationale, et de Henrik Ejrup Larsen (Danemark), un expert en balistique de la police danoise.

Des témoins interrogés par la commission avaient évoqué la présence d’un autre appareil qui aurait tiré sur le DC-6 – il est souvent question d’un Fouga Magister de la rébellion katangaise piloté par un Belge, José Magain (décédé en janvier 2003).

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