En Corée du Nord, près de la moitié de la population est mal nourrie, selon des responsables de l'ONU © AFP

L’ONU agit pour débloquer l’aide humanitaire vers la Corée du Nord

Le Vif

Le Conseil de sécurité des Nations unies semble disposé à soutenir une proposition américaine visant à rendre plus facile l’acheminement de l’aide humanitaire vers la Corée du Nord, compliqué par les sévères sanctions prises à l’encontre de Pyongyang, selon des documents obtenus par l’AFP.

En Corée du Nord, dix millions de personnes, soit près de la moitié de la population, sont mal nourries, selon des responsables de l’ONU, relatant une chute dans la production de nourriture l’an dernier.

Les résolutions de l’ONU précisent bien que les sanctions ne doivent pas affecter l’aide humanitaire, mais les organisations estiment que le commerce strict et les mesures bancaires créent des obstacles bureaucratiques et ralentissent la circulation des approvisionnements vitaux.

Une proposition américaine, rédigée le mois dernier, permettrait de fournir des instructions claires aux organisations humanitaires et aux gouvernements pour solliciter des exemptions de sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord, selon le texte consulté par l’AFP.

Après des semaines de négociations, le comité des sanctions des Nations unies devrait donner son approbation finale aux nouvelles directives lundi.

Une fois approuvée, une note sera envoyée par le comité aux 193 Etats membres de l’Organisation des Nations unies pour « fournir une explication claire de son mécanisme d’exemption humanitaire global », qui améliorera « la livraison de l’assistance humanitaire à la RPDC », l’acronyme pour la Corée du Nord, selon les documents.

Cette initiative intervient alors que Washington appelle à maintenir une pression maximale contre la Corée du Nord pour contraindre Kim Jong Un à respecter son engagement à dénucléariser la Corée du Nord.

La Russie et la Chine ont exhorté le Conseil d’adoucir les sanctions. Pour l’ambassadrice américaine Nikki Haley, l’ONU ne devrait pas faire « un pas » avant que la Corée du Nord agisse afin de démanteler ses programmes nucléaire et balistique.

Un responsable américain a indiqué que les directives devraient permettre que « seules les activités humanitaires essentielles, vitales, peuvent se poursuivre » et que les demandes pour des exemptions feront l’objet d’un examen minutieux.

« Les Etats-Unis ont été très clairs, nous continuerons à imposer les sanctions actuelles jusqu’à ce nous atteignions la dénucléarisation complète et vérifiée de la Corée du Nord », a précisé ce responsable.

Même son de cloche du côté d’un responsable néerlandais, s’exprimant en tant que président du comité des sanctions: « Nous voulons clairement indiquer que c’est pour faciliter le processus, non pour alléger les sanctions ».

– « Conséquences inattendues » –

En 2017, le Conseil de sécurité, à l’initiative des Etats-Unis, a approuvé une triple série de sanctions économiques contre la Corée du Nord, interdisant notamment aux Etats membres des Nations unies d’acheter à Pyongyang du charbon, du fer, du textile et des produits de la pêche. Les exportations vers la Corée du Nord de pétrole et de produits pétroliers raffinés ont aussi été sévèrement limitées.

Les sanctions visent à faire suspendre, voire arrêter totalement, par la Corée du Nord ses programmes d’armement nucléaire et conventionnel, jugés menaçants pour la planète.

« Les sanctions économiques ne sont pas censées avoir un impact sur une action humanitaire neutre. Mais elles en ont un. Elles ont des conséquences inattendues », a indiqué Simon Schorno, à la tête des opérations d’aide du Comité international de la Croix Rouge (CICR) en Asie.

M. Schorno a cependant bon espoir. « Nous n’avons pas encore vu les directives, mais on nous a promis qu’ils allaient accélérer les procédures, les exemptions et faciliter dans l’ensemble le fonctionnement du processus ».

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