Saint-Étienne-du-Rouvray © AFP

L’imam de Saint-Etienne-du-Rouvray est « effaré »

Le représentant musulman de Saint-Étienne-du-Rouvray s’est dit « effaré » par le décès de son « ami », le prêtre Jacques Hamel, tué mardi matin dans son église lors d’une prise d’otages revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique.

« Je ne comprends pas, toutes nos prières vont vers sa famille et la communauté catholique », a déclaré à l’AFP l’imam Mohammed Karabila. « C’est quelqu’un qui a donné sa vie aux autres. On est abasourdis à la mosquée », a-t-il ajouté.

« Cela fait 18 mois qu’on s’attaque à des civils, maintenant ils visent des symboles religieux et prennent pour prétexte notre religion, ce n’est plus possible », a déploré M. Karabila.

Le prêtre et l’imam s’étaient retrouvés à plusieurs reprises lors d’interventions publiques sur la religion et le savoir-vivre ensemble. La mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray a été inaugurée en 2000 sur une parcelle de terrain offerte par la paroisse catholique de la ville.

C’est dans cette même mosquée qu’avait eu lieu une cérémonie funèbre en mémoire d’Imad Ibn Ziaten, un parachutiste de 30 ans tué le 11 mars 2012 à Toulouse par Mohamed Merah, qui avait assassiné en 2012 trois militaires et quatre juifs, dont trois enfants. Imad Ibn Ziaten était originaire de la commune toute proche de Sotteville-lès-Rouen.

« C’est un choc total, ça réveille la douleur », a déclaré à l’AFP sa mère, Latifa Ibn Ziaten, qui a fondé une association afin de lutter contre la radicalisation islamiste. Saint-Étienne-du-Rouvray « est une ville tranquille », a confié Mme Ibn Ziaten, qui se rend fréquemment à la mosquée de la ville pour prier.

A Saint-Étienne-du-Rouvray comme dans d’autres communes de l’agglomération rouennaise, « il y a beaucoup de familles qui viennent me voir pour leurs enfants qui se radicalisent », a rapporté Mme Ibn Ziaten.

« Quand je vois un danger, j’essaye de le signaler », a-t-elle ajouté.

Les deux auteurs de la prise d’otages ont été tués lors de l’intervention des forces de l’ordre. Une personne a depuis été placée en garde à vue, a-t-on appris de sources proches de l’enquête.

« Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »

L’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, a cité mardi soir sur le perron de l’Élysée la « parole de Jésus, « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », pour évoquer son sentiment après l’égorgement d’un prêtre dans une église à Saint-Étienne-du-Rouvray.

A l’issue d’un entretien de dix minutes avec le président François Hollande et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, Mgr Lebrun a évoqué « trois aspects » qui sont « dans son coeur » après l’assassinat du prêtre: « les larmes de Jésus, son agonie », mais aussi « ce qu’il a dit sur une montagne (…): « on vous a dit d’aimer, moi je vous dis d’aimer vos ennemis et même de prier pour eux ». Aimer ses ennemis, est-ce possible ? Je vais essayer, au moins je vais prier pour eux », a-t-il poursuivi, manifestement ému.

« La troisième chose que je retiens, c’est cette parole de Jésus: « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est une parole qu’il a prononcée sur la croix. Je crois que Dieu a essayé de nous apprendre à ne pas avoir une politique du bouc émissaire, « C’est la faute à… », moi-même je vais essayer d’être attentif à ce qu’il y a dans mon coeur », a-t-il poursuivi.

Après son rendez-vous à l’Élysée, Mgr Lebrun a indiqué sa hâte d’être « le plus vite possible à Saint-Etienne-du-Rouvray » pour « (se) recueillir et retrouver si possible les (siens) ».

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