Halbe Zijlstra © Belga

L’histoire de Halbe Zijlstra nous apprend que les fake news ne viennent pas toujours du même côté

Le ministre des Affaires étrangères néerlandais, Halbe Zijlstra, a perdu son emploi suite à un mensonge à propos d’une rencontre avec Vladimir Poutine.

Début décembre, en marge d’un entretien sur la situation politique aux Pays-Bas, Tom-Jan Meeus a attiré l’attention sur Halbe Zijlstra. Meeus suit la politique néerlandaise pour le journal NRC Handelsblad. Zijlstra, déclare Meeus, succéderait à Mark Rutte après les prochaines élections à la tête du VVD libéral. L’année dernière, Rutte a entamé un troisième mandat comme Premier ministre, cette fois d’une coalition également composée du CDA chrétien-démocrate, du D66 libéral de gauche et du parti orthodoxe-protestant ChristenUnie. Zijlstra a joué un rôle important dans les entretiens de coalition et a été nommé ministre des Affaires étrangères.

Il y a des années, le nouveau chef de la diplomatie néerlandaise racontait qu’en 2006, alors qu’il travaillait pour la compagnie pétrolière Shell, il avait assisté à une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier aurait parlé de son ambition de fonder une nouvelle Grande Russie, élargie entre autres à l’Ukraine et aux États baltes. Seulement, le quotidien De Volkskrant a découvert que Zijlstra n’avait pas assisté à cette rencontre et qu’il a modifié l’histoire : Poutine a parlé du passé de la Russie, non de son avenir. La semaine prochaine, il aurait dû s’entretenir avec son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire la leçon sur les fake news diffusées par la Russie sur l’explosion du vol MH17 en 2014. Cet avion de Malaysia Airlines, qui transportait près de 200 Néerlandais, était en route d’Amsterdam à Kualu Lumpur, quand il a été abattu au-dessus d’une zone de guerre en Ukraine. Depuis, les relations entre les Pays-Bas et la Russie sont très tendues.

Rutte savait depuis des semaines que Zijlstra mentait au sujet de la rencontre avec Poutine. Mais le Premier ministre ne trouvait pas que son bras droit devait démissionner. C’est décevant de la part de Rutte et de ses partenaires de coalition. La diplomatie néerlandaise était en effet décisive pour l’attitude de l’OTAN et de toute l’Union européenne face à la Russie après l’annexion de la Crimée. L’histoire de Zijlstra cadre tout à fait dans l’ancienne pensée de la Guerre froide et nous apprend que les fake news ne viennent pas toujours du même côté. La déconfiture de Rutte et Zijlstra intervient également à un moment où davantage de politiciens européens souhaitent normaliser les relations avec la Russie. C’est dans cet esprit que le Premier ministre belge Charles Michel s’est récemment rendu à Moscou.

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