Luigi Di Maio, chef de file du M5S, le 14 mai 2018 © AFP

L’extrême droite italienne pose ses conditions pour gouverner avec les antisystème

Le Vif

La Ligue (extrême droite) a posé lundi soir ses conditions en matière de lutte contre l’immigration ou de rapports avec l’Union européenne pour former un gouvernement d’union avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), qui a demandé « quelques jours » de plus pour discuter.

« Comme nous sommes en train d’écrire ce qui sera le programme du gouvernement pour les cinq prochaines années, il est important pour nous de l’achever au mieux, c’est pourquoi nous avons demandé quelques jours de plus », a déclaré Luigi Di Maio, chef de file du M5S, à l’issue d’un entretien de 45 minutes avec le président de la République Sergio Mattarella.

Reçu un peu plus tard, à l’issue de plusieurs jours d’intenses tractations, le patron de la Ligue Matteo Salvini s’est montré beaucoup moins conciliant.

« Si je vais au gouvernement, je veux faire ce que j’ai promis aux Italiens », a-t-il martelé, assurant que dans la mesure où les sondages le donnaient en hausse, son parti ne craignait pas de retourner aux urnes en cas d’échec des discussions.

Il a ainsi réclamé que la Ligue ait « les mains libres » pour lutter contre l’immigration clandestine « et garantir la sécurité des citoyens », en particulier via une libéralisation de la légitime défense.

Sur l’Union européenne, « les Italiens ont voté pour nous pour aller à Bruxelles et Strasbourg afin de remettre au centre les thèmes de l’emploi des Italiens, de la dignité du travail, de la défense de l’agriculture, du +Made in Italy+, de la pêche », a déclaré le patron de la Ligue, alliée du Front national français. « Je dois débloquer la possibilité de dépenser de l’argent qui est bloqué par des verrous et des règles extérieures », a-t-il insisté. « Soit je parviens à donner vie à un gouvernement qui rediscute ces blocages, soit ce sont des chimères. Le gouvernement se mettra en route s’il a les moyens d’agir ».

Salvini, 37% ou 17% ?

Et pour appuyer son propos, il s’est de nouveau présenté comme le représentant des 12 millions d’électeurs de la coalition droite/extrême droite (37% des voix), même si ses partenaires, Silvio Berlusconi et son parti en tête, ne l’ont pas suivi.

Matteo Salvini et Silvio Berlusconi en meeting à Rome le 1er mars 2018
Matteo Salvini et Silvio Berlusconi en meeting à Rome le 1er mars 2018© Reuters

Le M5S, premier parti du pays avec plus de 32% des voix, refuse cependant toute référence à cette coalition, expliquant ne discuter qu’avec la Ligue, qui a recueilli en propre seulement 17% des voix.

Depuis le début des discussions la semaine dernière, la synthèse n’est pas simple entre la Ligue, formation nationaliste qui a fait le plein des voix dans le Nord sur la promesse de baisses massives d’impôts, et le M5S, plus ambivalent sur l’Union européenne et plébiscité par le Sud pour avoir promis un revenu de citoyenneté.

Si M. Salvini a évoqué des discussions « parfois animées », M. Di Maio s’est dit « satisfait » de leur climat et de ce que le M5S « a obtenu sur le revenu de citoyenneté, la loi Fornero (réforme des retraites), les coupes dans le gaspillage (…), sur la lutte contre la corruption, la prison pour les coupables d’évasion fiscale ».

Et il a répété que le « contrat de gouvernement » serait soumis aux militants du M5S via un vote en ligne, selon une procédure classique de ce mouvement né en 2009 du rejet de la classe politique traditionnelle et prônant une forme de démocratie directe via internet. Au risque de le voir rejeté s’il cède trop à la Ligue.

Dans ce contexte, le mystère de l’identité du futur chef du gouvernement est passé au second plan.

Chaque camp s’opposant fermement à la désignation du chef de l’autre, la presse évoque la recherche d’une personnalité compatible avec les deux sans être trop liée à l’un ou à l’autre, susceptible de faire autorité au plan international et de rendre compatible avec Bruxelles la tonalité eurosceptique du futur exécutif.

M. Di Maio a expliqué à la presse qu’il s’était accordé avec M. Salvini pour ne rendre aucun nom public avant d’en avoir parlé avec le président.

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