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L’expulsion de diplomates, une nouvelle épine dans les relations Trump-Poutine

Le Vif

Donald Trump a autorisé la plus importante expulsion de diplomates russes en poste aux Etats-Unis mais cette décision historique ne signe peut-être pas l’arrêt des relations entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine.

Le milliardaire républicain a validé « la plus importante » expulsion de Russes –60 « espions »– de l’histoire des Etats-Unis, et la fermeture du consulat de Russie à Seattle (nord-ouest), jugé trop proche des usines de l’avionneur Boeing, selon un haut responsable gouvernemental.

A première vue, M. Trump a opéré un virage à 180 degrés avec cette décision qui sonne comme des représailles après l’empoisonnement d’un ex-agent russe au Royaume-Uni, après avoir tenté depuis son investiture de se rapprocher du Kremlin malgré les accusations de collusion entre son équipe de campagne et Moscou afin de favoriser son élection en 2016.

L’administration américaine a d’ailleurs sanctionné récemment plusieurs responsables russes accusés d’avoir dirigé une vaste campagne de désinformation depuis la Russie.

Des collaborateurs du président, conscients que le grand public apprécie peu la proximité des deux dirigeants, ont souligné que c’était la décision de M. Trump et qu’il avait été impliqué dans toutes les étapes du processus.

Pourtant l’occupant de la Maison Blanche n’a pas évoqué le sujet dans ses messages sur Twitter lundi et c’est sa porte-parole Sarah Sanders qui a mis en avant la nécessité pour la Russie de changer « d’attitude » si elle souhaitait une amélioration de ses relations avec Washington.

A la décharge de M. Trump, plusieurs de ses prédécesseurs se sont trompés sur Vladimir Poutine.

En juin 2001, George W. Bush avait affirmé avoir « pu percevoir son âme: celle d’un homme profondément dévoué à son pays et aux intérêts de son pays », après sa première rencontre avec le président russe. La phrase lui vaudra des critiques et il admettra après son mandat s’être trompé.

Les collaborateurs de Barack Obama admettent également que l’ex-président, qui avait lancé un « redémarrage » des relations américano-russes en 2009, a mis trop de temps à réaliser que les intérêts de M. Poutine et ceux de la Russie n’étaient pas nécessairement concordants.

Comme le pointent certains observateurs, les messages envoyés par M. Trump depuis 14 mois sont très différents de ceux de son administration.

Alors que des responsables américains dénoncent régulièrement les violations par la Russie des frontières de ses voisins, en référence à la Crimée et à l’Ukraine, et que le ministre de la Défense Jim Mattis rassure les alliés de Washington inquiets d’un désengagement américain, M. Trump adopte un ton généralement conciliant à l’égard de son homologue.

– « Ne pas féliciter » –

« Bien s’entendre avec la Russie (et d’autres) est une bonne chose, pas une mauvaise chose », a dû se justifier le milliardaire, critiqué pour avoir félicité M. Poutine pour sa réélection le 18 mars.

« Ils peuvent nous aider à résoudre des problèmes avec la Corée du Nord, la Syrie, l’Ukraine, le groupe Etat islamique, l’Iran et même la course aux armements à venir », avait-il estimé.

Selon le Washington Post, le président américain avait alors ignoré les mises en garde de ses conseillers, notamment une note indiquant explicitement, en lettres capitales, « NE PAS FELICITER ».

M. Trump défend depuis longtemps un rapprochement avec Moscou.

En décembre 2017, il a affirmé que la coopération entre les services de renseignement russe et américain avait permis d’éviter des « milliers » de victimes en déjouant un projet d’attentat à Saint-Pétersbourg. M. Poutine l’avait remercié pour « les renseignements transmis par la CIA » à la Russie.

En novembre, il avait affirmé croire le président russe quand celui-ci lui avait affirmé n’être pour rien dans l’affaire d’ingérence électorale aux Etats-Unis.

Il avait aussi provoqué l’incompréhension en évoquant avec M. Poutine en juillet 2017 la création d’un centre de « cybersecurité » pour éviter le piratage électoral, alors que l’enquête sur l’ingérence russe en 2016 prenait de l’ampleur.

M. Trump avait aussi estimé que ses prédécesseurs avaient échoué avec Poutine car il n’avaient pas trouvé « l’alchimie ».

Mais cette alchimie pourrait avoir des limites, notamment avec les représailles promises par Moscou après l’expulsion de son personnel diplomatique.

« Quel consulat américain fermeriez-vous en Russie, si c’était à vous de décider? », a demandé sur Twitter l’ambassade russe à Washington à l’adresse de M. Trump.

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