Réfugiés et migrants dans l'attente d'un bus après leur arrivée au port du Pirée, en Grèce, 7 septembre 2015 © Reuters

L’Europe se mobilise face à l’afflux ininterrompu de migrants

L’Allemagne débloque des milliards pour faire face aux « changements » provoqués par la crise migratoire, Paris et Londres promettent d’accueillir des dizaines de milliers de réfugiés: l’Europe s’est mobilisée lundi face à un afflux de migrants qui ne tarit pas.

Après un nombre-record d’arrivées ce week-end en Allemagne, la pression de la pire crise migratoire sur le continent européen depuis des décennies ne diminue nullement. Plus de 15.000 personnes s’entassaient lundi sur l’île grecque de Lesbos, porte d’entrée vers l’Europe pour ceux fuyant la guerre qui déchire la Syrie.

Après moult tergiversations, le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé lundi que son pays était prêt à accueillir 20.000 Syriens en cinq ans, et la France s’est engagée à accepter 24.000 réfugiés en deux ans, dans le cadre d’un plan de répartition de l’Union européenne.

Sans politique d’ensemble, ce sera « la fin de (l’espace de libre-circulation) Schengen », a averti le président François Hollande qui souhaite aussi une conférence internationale sur la crise migratoire. « Ce que nous vivons est quelque chose qui va (…) nous changer, et nous voulons que le changement soit positif et nous pensons que nous pouvons y arriver », a souligné de son côté la chancelière Angela Merkel à Berlin, détaillant un programme fédéral de six milliards d’euros pour 2016 qui vise à améliorer la prise en charge et l’intégration des migrants. La dirigeante conservatrice a souligné que la facture pourrait atteindre un total de 10 milliards d’euros l’année prochaine. Encore 3.000 migrants étaient parvenus en milieu d’après-midi en Allemagne, à l’issue d’un week-end qui a vu l’arrivée dans ce pays de 20.000 personnes en provenance de Hongrie via l’Autriche.

De son côté, la Commission européenne va proposer mercredi de répartir entre Etats membres de l’UE 120.000 réfugiés au cours des deux prochaines années. Un projet qui va s’ajouter à la réinstallation de 40.000 migrants annoncée en mai.

Avec ces quotas d’accueil, l’Allemagne se retrouve en première ligne (26,2%, 31.443 réfugiés), suivie de la France (20%, 24.031) et de l’Espagne (12,4%, 14.931).

Signe de l’ampleur du travail encore à accomplir, l’Allemagne s’attend à recevoir 800.000 demandes d’asile cette année, quatre fois plus que l’année précédente. Et le mouvement n’a fait que croître depuis que les autorités ont décidé de ne plus renvoyer les Syriens vers leur point d’entrée en Europe.

Le principe des quotas est loin de faire l’unanimité, notamment en Europe de l’Est. Le Premier ministre populiste hongrois Viktor Orban a d’ores et déjà jugé prématuré de débattre de la répartition tant que l’afflux de migrants ne serait pas sous contrôle. Dans ce contexte, Mme Merkel a une fois de plus appelé ses partenaires européens à agir. « Le temps presse pour trouver une solution », a-t-elle martelé. Le chef de la diplomatie espagnole, Jose Manuel Garcia Margallo, a pour sa part jugé que la crise risquait de « ternir l’image de l’Europe ». Le Britannique David Cameron a quant à lui évoqué « la compassion extraordinaire » de son pays qui a accepté 20.000 réfugiés sur cinq ans. Au-delà des frontières européennes, le Québec a annoncé qu’il accueillerait 3.650 réfugiés syriens d’ici à décembre.

« Entre 15.000 à 17.000 réfugiés » se pressent actuellement à Lesbos où la situation est « au bord de l’explosion », selon le gouvernement grec. Des renforts de police et de l’armée ont dû être dépêchés sur cette île dimanche. Quelque 2.600 autres réfugiés et migrants ont été recueillis en mer par les garde-côtes grecs entre vendredi et lundi matin. Et plus de 2.000 migrants sont entrés de Grèce en Macédoine depuis lundi matin tandis que quelque 8.000 autres attendaient encore de pouvoir franchir la frontière pour rejoindre l’Europe occidentale et en particulier l’Allemagne. A plusieurs reprises, la police macédonienne est intervenue à coups de matraque. La police danoise a pour sa part empêché lundi des dizaines de réfugiés de passer la frontière avec la Suède, deuxième pays d’accueil en Europe, derrière l’Allemagne.

Depuis le début de l’année, plus de 366.400 personnes sont arrivées par la Méditerranée, selon le Haut-Commissariat de l’ONU (HCR) pour les réfugiés. Et 2.800 autres sont mortes ou ont été portées disparues.

Mais des scènes « saisissantes et émouvantes » ont aussi marqué le week-end, a relevé Mme Merkel, saluant l’élan de solidarité des Allemands qui ont accueilli en masse avec de la nourriture et des vêtements les migrants. Des centaines de bénévoles se sont rassemblés dans les gares, certains brandissant des pancartes « Refugees welcome !  » (« Bienvenue aux réfugiés ! « ), et se sont relayés pendant tout le week-end. Malgré leur bonne volonté, les administrations allemandes restent débordées par l’afflux. Lundi matin, à Berlin, des centaines de personnes attendaient devant le principal centre d’enregistrement des demandeurs d’asile de la capitale. Nombre d’entre eux dormaient à même le sol, dans des sacs de couchage. « L’Allemagne est l’un des meilleurs pays en Europe et dans le monde, mais la bureaucratie est lente, c’est dur de réussir à déménager du camp (de réfugiés). Ca fait 12 jours que je suis ici sans rien », résume un réfugié syrien de 25 ans

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