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L’Europe s’en prend au secteur pétrolier libyen

L’Union européenne a adopté mercredi des sanctions économiques contre le principal groupe pétrolier libyen, la compagnie nationale NOC et plusieurs de ses filiales, dans l’espoir de priver de ressources le régime de Mouammar Kadhafi dans ce secteur stratégique.

La décision prise par les pays de l’UE met en oeuvre les décisions prises à l’ONU par le Conseil de sécurité, la semaine dernière, a indiqué dans un communiqué la présidence hongroise de l’Union européenne. Mais elle va plus loin en ajoutant « d’autres sociétés pétrolières qui n’étaient pas mentionnées dans la résolution 1973 ».

Concrètement, cette décision « gèle les fonds et ressources économiques » des sociétés visées et interdit de procéder à des paiements en leur faveur, a souligné la présidence hongroise.

La NOC est l’une des entités désignées par la résolution 1973 de l’ONU, votée la semaine dernière, comme « étant sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille ». Le Conseil de sécurité note qu’elle « constituerait une source de financement de son régime ».

Considérée comme la pièce centrale de l’appareil pétrolier d’Etat libyen, elle contrôle, selon Washington, un réseau de sociétés qui s’occupent d’exploration pétrolière, de production et de vente de pétrole.

Le département du Trésor américain a déjà décidé mardi d’étendre les sanctions économiques des Etats-Unis contre le régime libyen à quatorze sociétés identifiées comme des filiales de la compagnie pétrolière nationale libyenne.

L’UE a, elle, décidé mercredi de sanctionner la NOC et quatre filiales en application de la décision de l’ONU. Au-delà, elle a désigné quinze entités supplémentaires, selon une source diplomatique. Les détails seront publiés dans le Journal officiel de l’UE jeudi.

La décision européenne fait suite à celle prise lundi par les ministres européens des Affaires étrangères à l’encontre de neuf « entités » financières libyennes et de onze responsables gouvernementaux et proches collaborateurs du colonel Mouammar Kadhafi. Cela concernait des gels d’avoirs et des interdictions de visa.

Au total, depuis le début de la crise libyenne, l’Union européenne a décrété un embargo sur les armes, un embargo sur les matériels pouvant servir à la répression, ainsi que des gels d’avoirs et des interdictions de visa à l’encontre de Mouammar Kadhafi et de 37 de ses proches et responsables libyens. Elle a également gelé les avoirs et transactions financières de onze entités.

En application de ces sanctions, des milliards d’euros d’avoirs libyens ont été gelés par les différents pays européens: entre 6 et 7 en Italie, plus d’un milliard en Suède, plusieurs milliards en Allemagne.

Les Européens discutaient depuis plusieurs semaines de sanctions pétrolières contre la Libye, mais plusieurs Etats, en particulier l’Italie, son principal client en pétrole et en gaz, étaient réticents, selon des diplomates. La résolution du Conseil de sécurité a vaincu leurs réserves, selon un diplomate de haut rang.

La Libye est l’un des principaux producteurs de pétrole d’Afrique. Et les ressources en hydrocarbures servent au colonel Kadhafi à recruter des mercenaires pour s’en prendre aux insurgés dans son pays.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, elle produit en temps normal 1,69 million de barils par jour et en exporte 1,49 million, en immense majorité (85%) vers l’Europe.

Toutefois, la décision n’aura aucune conséquence à l’heure actuelle sur les importations d’hydrocarbures par l’UE. En effet, les pays concernés, l’Espagne et l’Italie en particulier, « sont déjà passés à d’autres fournisseurs », a indiqué la porte-parole de la Commission européenne en charge de l’Energie, Marlene Holzner.

Le Vif.be, avec Belga

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