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L’Europe ne peut donner de « leçon de démocratie » à la Turquie

Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a lancé une nouvelle salve de critiques mercredi contre l’Union européenne qui a dénoncé les atteintes à la liberté de la presse en Turquie, déclarant que le bloc européen n’avait pas de « leçon de démocratie » à donner à la Turquie.

« Ils disent qu’ils vont donner une leçon de démocratie à la Turquie, faites l’effort de venir ici afin que la Turquie vous donne une telle leçon », a déclaré avec insistance M. Erdogan dans un discours prononcé à Konya (centre) à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle ligne de train à grande vitesse.

L’homme fort de Turquie réagissait aux dirigeants européens qui ont dénoncé l’arrestation de 30 personnes dimanche, dont des journalistes d’opposition, lui rappelant que les progrès dans les négociations d’adhésion de son pays dépendaient de son respect des règles démocratiques.

« L’UE doit se regarder dans un miroir », concernant ses politiques en Syrie et en Egypte, deux pays avec lequel la Turquie a rompu à cause de leurs régimes, a déclaré M. Erdogan au dixième anniversaire du feu-vert donné par la Commission européenne au lancement des négociations d’adhésion entre Ankara et l’UE.

Le chef de l’Etat turc a poursuivi sa diatribe anti-européenne en accusant l’UE d’avoir eu recours à des tactiques dilatoires pendant ces dix dernières années pour retarder son adhésion. « Nous ne sommes pas le portier de l’UE. C’est simple: ils vous appartient de faire entrer ou non la Turquie », a souligné M. Erdogan et d’ajouter qu’en tous les cas « la Turquie définira elle-même sa route ». Le climat a viré à l’aigre entre Ankara et Bruxelles après la vague d’arrestations de dimanche. A peine rentrée d’Ankara, où elle s’était rendue le 8 décembre pour améliorer les relations UE-Turquie, le chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini a critiqué ces arrestations. M. Erdogan a réagi en demandant à l’UE de « se mêler de ses affaires ».

Engagés en 2005, les pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’UE avaient repris l’année dernière, après un gel de trois ans. Mais très vite, ils ont buté à nouveau sur le raidissement du régime turc, face à la justice, l’opposition et la presse.

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