© Vincent Genot

L’Europe met en doute l’efficacité des projets des Nations unies

L’ONU tire un tiers de son budget de l’UE. La Cour des comptes européenne a publié mercredi un cinglant rapport sur l’usage des fonds européens alloués à des projets des Nations unies dans les pays en conflit, des projets auxquels l’UE consacre en moyenne un milliard d’euros chaque année.

Sur base d’un échantillon de dix-neuf projets onusiens en Irak, Afghanistan et au Soudan financés par l’UE de 2006 à 2008, le rapport estime que la toute grande majorité de ceux-ci ont été mal conçus, la moitié à peine atteignant leurs objectifs principaux.

Et la Cour de citer dans son rapport l’un ou l’autre cas concret, comme un programme visant à renforcer les capacités de la nouvelle administration du Sud-Soudan dont « 65% des dépenses n’ont pu être justifiées », ou encore un programme de déminage en Afghanistan où seul 1,6 km2, sur les 26,6 km2 initialement prévus, a pu être déminé, et ce sans la moindre réduction de coûts pour autant.

« La seule conclusion possible, c’est que la Commission européenne, responsable de l’usage de l’argent public européen, doit être plus sévère avec l’ONU en matière d’audit », a commenté mercredi le Belge Karel Pinxten, auditeur auprès de la Cour des comptes européenne et auteur de l’étude.

Selon l’institution basée à Luxembourg, les Nations unies ne fournissent en effet que très peu de données sur l’usage des fonds pour des projets, et leurs résultats.

« Sept des dix-neuf projets n’ont tout simplement pu être évalués car la Cour des comptes n’a pas pu recevoir les données élémentaires », a déploré M. Pinxten, qui reconnaît toutefois qu’il n’est pas toujours aisé d’opérer dans des pays en guerre.

Face à ce constat, la Commission européenne devrait, selon la Cour, procéder à l’avenir à une évaluation préalable plus poussée des projets financés, veiller à la définition d’objectifs clairs ainsi qu’au respect des délais, accorder davantage d’attention à leur efficacité et réclamer auprès de l’ONU les rapports nécessaires à une bonne évaluation.

Selon M. Pinxten, un quart de l’aide humanitaire et au développement de l’Union européenne transite aujourd’hui par le biais de l’ONU, laquelle tire un tiers de son budget de l’UE.

Levif.be avec Belga

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