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L’Europe lance une procédure contre la Hongrie

La Commission européenne a décidé mardi d’ouvrir une procédure d’infraction contre la Hongrie suite à l’adoption de différentes lois renforçant considérablement les pouvoirs du gouvernement conservateur de Viktor Orban.

« La Commission européenne vient de décider de lancer une procédure d’infraction contre la Hongrie », a indiqué mardi le président de l’exécutif européen, José Manuel Barroso, en marge de la session du Parlement européen à Strasbourg.

Il a pointé trois motifs précis, à savoir la récente réforme constitutionnelle relative aux nominations à la banque centrale, la mise à la retraite anticipée des juges, et l’indépendance de l’autorité hongrois de protection des données.

« Nous avons aussi des préoccupations plus larges sur l’organisation du système judiciaire », a ajouté M. Barroso, en rappelant la mission de gardienne de traités de la Commission.

La Hongrie dispose à présent de deux mois en théorie pour répondre aux griefs de la Commission, sans quoi celle-ci pourrait citer le pays devant la Cour européenne de Justice, à Luxembourg, afin d’obtenir sa condamnation.

Devant la presse, M. Barroso a précisé que le Premier ministre hongrois se rendrait mardi 24 janvier à Bruxelles pour des entretiens avec la Commission européenne sur à cette décision.

A sa demande, Viktor Orban sera également entendu demain/mercredi devant le Parlement européen, qui a décidé de débattre de la situation dans son pays.

« Nous ne permettrons pas à la gauche internationale d’accuser la Hongrie sur la scène internationale, avec des mensonges et calomnies infondées », a affirmé à Budapest le porte-parole de M. Orban.

Certaines formations politiques dénoncent en effet de façon plus virulente l’évolution autocratique de la Hongrie contraire aux principes cardinaux de l’Union européenne, ce qui peut en théorie lui valoir des sanctions politiques et juridiques.

A la veille d’un débat en plénière, le Parlement européen est apparu divisé. Le Parti populaire européen (PPE, conservateur) auquel appartient M. Orban s’est montré particulièrement prudent quant à l’opportunité de sanctions.

« Attendons de voir ce qu’Orban va dire demain », a réagi le chef de groupe PPE au Parlement, le Français Joseph Daul. « Je me suis encore entretenu hier avec lui et il m’a dit qu’il respecterait les demandes de la Commission ».

Le tout nouveau président du Parlement, le socialiste allemand Martin Schulz, a, lui, fait preuve devant la presse d’une retenue qu’on ne lui connaissait pas il y a peu encore.

Alors que certains députés préconisaient l’envoi d’une mission parlementaire en Hongrie pour évaluer la situation, il a finalement été décidé, en accord avec M. Schulz, d’organiser à Bruxelles des auditions des partis d’opposition et d’ONG hongroises.

La Hongrie est également sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui s’inquiète particulièrement de l’indépendance du président de la Banque centrale. La réforme prévoit de le flanquer d’adjoints nommés par le gouvernement.

Le conflit en cours pourrait avoir des répercussions financières importantes, alors que la Hongrie peine à emprunter sur les marchés en raison de taux d’intérêt très élevés exigés. Car l’UE et le FMI, de facto, lient un nouveau prêt que vient de demander le pays à des modifications des textes contestés.

L’Etat hongrois, au bord de la banqueroute, cherche à obtenir un crédit de 15 à 20 milliards d’euros.

La semaine dernière, M. Orban a commencé à infléchir sa position en se disant prêt à « négocier », mais sur certains points seulement.

Levif.be avec Belga

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