Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis © Reuters

« L’Europe doit faire des compromis dans le dossier grec »

L’Europe excelle à faire des compromis. Et c’est ce qu’elle doit faire maintenant dit Hendrik Vos , expert en question européenne (UGent). « Mais cela a pour corolaire un sévère camouflet pour tous ceux qui ont tenu des discours musclés. »

 » L’Europe a largement sous-estimé la misère grecque, et c’est ce qui explique la marée du non » selon le professeur en étude européenne de l’UGent Hendrik Vos sur Radio 1. « En ce moment toutes sortes de forces se libèrent et elles peuvent aller dans toutes les directions. « 

Personne ne sait vraiment ce qu’il va se passer maintenant. Les leaders européens sont rentrés en terre inconnue et sans mode d’emploi. Différents sons de cloche se feront entendre. C’est un nouveau point de départ. On doit à nouveau se parler, mais l’ambiance n’est plus la même. De méchants coups ont été portés. Ce que beaucoup espéraient en Europe – la démission de Tsipras et de son parti d’extrême gauche Syriza- n’est pas arrivé. « On doit conclure un accord avec Syriza. Les Grecs pensent qu’ils ont un plus fort mandat aujourd’hui, mais en même temps ils ont moins d’amis. » Cependant, le professeur estime que les pays de l’Europe n’ont, pas plus qu’hier, intérêt à leur claquer la porte au nez.

Comme le précise Jens Weidman, patron de la Bundesbank, un « Grexit » amputerait les bénéfices de la banque centrale allemande. Le ministre des Finances allemand table sur 2.5 milliards d’euros de recettes fiscales annuelles. Un retrait de la Grèce hypothéquerait grandement ces projections. Un argument de poids dans un débat où tout est une question de chiffre. Le Professeur Vos abonde dans ce sens. « L’eurogroupe a été très dogmatique sur les économies. Celles-ci ont été détaillées jusque dans les moindres détails. Ce qui a fortement déplu à de nombreux Grecs.  »

Donald Tusk

Il n’y a que peu de leadership en ce moment. Les ministres européens des Finances se sont contentés d’énoncer une litanie de chiffres, sans jamais montrer beaucoup d’empathie. La solution devra venir de plus haut. Demain, il y a un top européen qui a été convoqué par Donald Tusk, le successeur polonais de Herman Van Rompuy à la tête du conseil européen. Depuis quelque temps, on déplore le fait qu’il ne se mêle guère au débat. Là où Van Rompuy était connu comme un trouveur de compromis, qui réglait beaucoup de choses en coulisse, on reproche à Tusk de ne pas suffisamment tenir les rênes.

Selon Hendrik Vos « L’Europe excelle à faire des compromis. Et c’est ce qu’elle doit faire dans les plus brefs délais. Même si cela signifie aussi un camouflet pour tous ceux qui ont tenu des discours musclés. « 

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