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L’Europe adopte des sanctions sans précédent contre l’Iran

L’Union européenne va adopter aujourd’hui des sanctions d’une ampleur sans précédent contre l’Iran. Ces sanction s visent notamment son secteur stratégique de l’énergie, dans l’espoir de pousser le pays à négocier à nouveau sur son programme nucléaire controversé.

La décision sera prise à l’occasion d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles.

L’issue ne fait aucun doute. Les ambassadeurs des 27 pays de l’UE se sont déjà mis d’accord jeudi sur leur contenu. La plupart des mesures entreront en vigueur dès mardi.

Elles vont beaucoup plus loin que le nouveau train de sanctions adopté le 9 juin par le Conseil de sécurité de l’ONU, visant à punir Téhéran pour la poursuite de ses activités d’enrichissement d’uranium, derrière lesquelles beaucoup voient les prémisses de l’arme atomique. Ce que Téhéran nie, assurant n’avoir que des visées civiles. « Il s’agira du paquet de sanctions le plus important que l’UE ait jamais adopté contre l’Iran ou contre tout autre pays », souligne un diplomate européen.

La mise en garde d’Ahmadinejad

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a mis en garde dimanche les pays de l’Union européenne contre l’adoption de ces sanctions, en affirmant que Téhéran réagira « avec fermeté » contre toute action hostile.

« Les Européens veulent imposer de nouvelles sanctions allant au-delà de celles adoptées par les Nations unies. Je voudrais leur dire que nous n’accueillons pas favorablement toute tension ou nouvelle résolution, nous voulons des relations logiques et amicales », a déclaré Ahmadinejad, selon la télévision iranienne de langue anglaise Press-TV.

« Je dois dire que quiconque adoptant des mesures contre la nation iranienne, comme l’inspection de navires iraniens (en haute mer, ndlr) doit savoir que l’Iran réagira avec fermeté face à de tels actes », a-t-il ajouté.

Mahmoud Ahmadinejad a également dénoncé la « guerre psychologique » menée contre l’Iran par les Etats-Unis et leurs alliés, affirmant que l’Iran « coupera la main des ennemis ». « Quiconque participe au scénario des Etats-Unis (contre l’Iran) sera considéré comme un pays hostile (…). L’Iran donnera une réponse ferme à toute menace », a-t-il insisté.

Première réunion depuis les sanctions de l’ONU

Les chefs de la diplomatie iranien, turc et brésilien ont discuté dimanche du suivi de leur proposition de solution à la crise du nucléaire iranien, la Turquie et le Brésil invitant Téhéran à négocier avec « souplesse » et « transparence » avec les Occidentaux.

Cette rencontre tripartite était la première depuis le vote par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 9 juin, d’un quatrième train de sanctions contre l’Iran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles.

Au cours d’une conférence de presse avec son homologue brésilien Celso Amorim, à laquelle ne participait pas le ministre iranien Manouchehr Mottaki, le ministre turc Ahmet Davutoglu a enjoint l’Iran de négocier le plus vite possible avec les Occidentaux. « Ce que nous avons dit aux deux parties, depuis le début, est que cette réunion (avec le groupe des 5+1) doit avoir lieu le plus vite possible et que les deux parties doivent discuter de toutes les questions de la façon la plus transparente et la plus ouverte », a-t-il dit.

Les autorités iraniennes ont gelé le 28 juin pour deux mois des discussions avec les six grandes puissances impliquées dans le dossier (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne, dits les « 5+1 »).

La semaine dernière, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui représente le groupe, avait jugé que les conditions étaient réunies pour une reprise du dialogue avec Téhéran. Dans la foulée, le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki avait déclaré que les négociations pourraient reprendre en septembre.

« Il y a une proposition pour une réunion technique », a pour sa part déclaré M. Amorim, faisant référence aux discussions avec le Groupe de Vienne et à la proposition faite par l’Iran, la Turquie et le Brésil, dite Déclaration de Téhéran.

L’Iran remettra lundi à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) sa réponse aux interrogations concernant sa proposition de solution à la crise du nucléaire iranien, a déclaré dimanche à Istanbul le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu. »M. Mottaki nous a dit qu’il allait transmettre une lettre lundi matin » a Yukiya Amano, le directeur général de l’AIEA, a déclaré M. Davutoglu lors d’une conférence de presse à l’issue de la rencontre tripartite.

La lettre doit répondre aux questions du groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) concernant une proposition faite par l’Iran le 17 mai aux grandes puissances, dans le cadre d’un accord avec le Brésil et la Turquie, d’échanger en territoire turc 1.200 kg de son uranium faiblement enrichi (3,5 pc) contre 120 kg de combustible enrichi à 20 pc. Elle doit également demander l’ouverture de négociations techniques, a indiqué M. Davutoglu.

Le groupe de Vienne a répondu à la proposition iranienne le 9 juin réclamant des éclaircissements sur plusieurs points de la proposition.

Le Vif.be, avec Belga

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