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L’Etat islamique est à la recherche de cerveaux

Le Vif

L’Etat islamique (EI) n’a pas besoin que de chair à canon. Il a aussi besoin de « cerveaux ». Et cherche donc à recruter des médecins, ingénieurs, informaticiens ou cadres pour l’aider à ériger son « califat ».

La démarche n’est pas neuve puisque, dès 2014, est apparue sur les réseaux sociaux une vidéo qui montrait le calife autoproclamé de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, invitant « savants » et « experts » à le rejoindre. Des appels répétés à diverses occasions depuis et qui signeraient l’avènement d’une propagande d’un genre nouveau. Elle serait calibrée pour recruter des gens qualifiés et équivaudrait à la moitié des vidéos du groupe terroriste, selon Vocativ, un nouveau media new yorkais spécialisé dans le web précise Laurent Zanella dans LeVif/ L’Express. Le fer de lance de cette opération « séduction » serait le magazine Dabiq, le magazine de propagande du groupe terroriste, qui propose des rubriques entières sur le bon fonctionnement de l’EI.

Notamment l’article intitulé « Healthcare in the Khilafah » paru en août 2015 et qui fait suite à une vidéo sortie en avril, annonçant le supposé lancement d’un système de soins de santé de l’État Islamique (ISHS).

Pénurie

Mais l’État islamique ne cherche pas que des médecins. Il recrute dans tous les corps de métiers : ingénieurs pour développer infrastructures et explosifs, journalistes, spécialistes en communication pour la propagande.

La guerre a fait fuir les Syriens et Irakiens instruits. Ils ont dans leur grande majorité opté pour l’exode. « Il y a eu une fuite des cerveaux », résume Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes dans Le Figaro. L’État islamique manque donc cruellement de main-d’oeuvre qualifiée. Au point que dans des fonctions plus stratégiques, les compétences des femmes ne sont pas dénigrées, car elles sont nombreuses à avoir des diplômes. Elles ont régulièrement des postes clés dans l’administration ou dans la propagande.

Il n’existe pourtant pas de véritables chiffres autour des profils des candidats au djihad précise encore Le Figaro. L’État islamique ne communique pas là-dessus. Et du côté des pays européens, on préfère mettre en avant les jeunes gens paumés que les intellectuels pour une question de contre propagande.

Néanmoins quelques chiffres sont sortis dans la presse. Par exemple, selon The Guardian, 17 médecins britanniques auraient rejoint l’État islamique en 2015. Mais le gros de ces troupes d’un genre nouveau viendrait des pays arabes comme le Maroc ou la Tunisie. Badra Gaaloul, professeur de sociologie militaire, estimait en juillet 2015 que 1200 étudiants tunisiens avaient rejoint l’EI.

Qu’est-ce qui les motive ?

Pour Mathieu Guidère, islamologue interviewé par Le Figaro, les djihadistes diplômés rejoignent les rangs de l’EI pour trois raisons. La première est que la personne ne trouve pas de travail et que l’EI lui promet un confortable salaire. « Les meilleurs informaticiens peuvent toucher jusqu’à 7000 dollars par mois » précise-t-il encore. La seconde c’est le fait que certaines personnes sont cantonnées à des tâches ingrates en Europe et qu’on leur promet des perspectives d’évolution dans un avenir proche. Enfin il y a ceux qui se sentent discriminés à cause de leur origine et qui pensent que là-bas ils seront mieux acceptés.

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