Des migrants africains tentent de franchir la frontière séparant le Maroc de l'enclave espagnole de Melilla. © Reuters

L’Espagne respecte-t-elle la loi européenne à Melilla ?

La Commission européenne est « préoccupée » par le traitement que réservent les autorités espagnoles aux migrants tentant d’entrer illégalement dans l’enclave espagnole de Melilla, et a écrit à Madrid pour demander des « clarifications », a indiqué vendredi un porte-parole.

« Nous avons demandé des clarifications aux autorités espagnoles, nous leur avons fait part de nos préoccupations et nous attendons leur réponse », a affirmé ce porte-parole, Michele Cercone. Il a précisé que la commissaire sortante à l’immigration, Cecilia Malmstrom, avait écrit une lettre en ce sens aux autorités espagnoles. Cette demande de clarification vise à vérifier que « la loi européenne est bien respectée », a-t-il relevé.

Le courrier porte notamment sur une affaire de mauvais traitement et de refoulement par des gardes civils espagnols d’un migrant africain qui venait de franchir la frontière grillagée séparant le Maroc de Melilla. Une organisation locale de défense des droits de l’homme avait filmé la scène, le 15 octobre, suscitant un tollé en Espagne.

La demande de « clarifications » porte aussi sur un projet du gouvernement espagnol de faciliter l’expulsion des migrants en situation irrégulière tentant d’entrer à Melilla et dans l’autre enclave espagnole, celle de Ceuta.

Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, cette disposition permettrait de repousser sans recours les étrangers « repérés sur la ligne frontière de démarcation territoriale », sans qu’ils puissent faire une demande d’asile.

La vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, a assuré vendredi que le ministre espagnol de l’Intérieur « est prêt à fournir l’information demandée » et que sa réponse sera envoyé au nouveau commissaire à l’immigration, le Grec Dimitris Avramapoulos.

Amnesty International a demandé une intervention de l’UE pour bloquer cette mesure, qui équivaudrait selon l’ONG à une légalisation des expulsions aux frontières, bannies par le principe international de non-refoulement.

Avec douze autres ONG l’organisation de défense des droits de l’Homme a aussi saisi le rapporteur spécial des Nations unies pour les droits des migrants François Crepeau en soulignant que le fait de refouler ainsi les migrants allaient à l’encontre des droits de l’homme et des réfugiés, qui doivent pouvoir fuir la guerre ou les persécutions.

Plus de 14.000 migrants ont tenté depuis le début de l’année de franchir la frontière à Melilla pour entrer en Espagne, dont environ 2.000 avec succès, selon sa préfecture. La dernière tentative en date, qui a impliqué environ 300 personnes venues d’Afrique sub-saharienne, s’est produite vendredi au petit matin. Aucun d’entre eux n’est parvenu à ses fins.

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