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L’encadrement psychologique essentiel pour de nombreux demandeurs d’asile

Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) a rendu 62% de réponses positives (taux de protection) en juillet, un chiffre en constante augmentation. Irak, Syrie, Afghanistan, Somalie… Les réfugiés qui demandent actuellement l’asile en Belgique proviennent de régions difficiles et ont vécu de graves traumatismes. Les listes d’attente pour un suivi psychologique s’allongent.

En 2014, le taux de protection s’élevait encore à 47%. « Un taux de protection plus élevé indique que les personnes ont particulièrement besoin de cette protection. Elles sont donc davantage sujettes à des traumas », explique Benoît Mansy, responsable communication chez Fedasil. Au sein des centres, les demandeurs d’asile peuvent bénéficier d’un suivi médical sur demande. Lorsqu’un médecin ou un infirmier en remarque la nécessité, un suivi psychologique ou psychiatrique peut être demandé. Fedasil ou la Croix-Rouge s’adressent alors à des services externes. Le centre Croix-Rouge de Bierset propose aussi un centre « rapproché » de 40 places qui offre une prise en charge des demandeurs d’asile en souffrance mentale pour lesquels une hospitalisation en psychiatrie n’est pas indiquée, mais pour qui le centre classique ne suffit pas. « Le stress post-traumatique concerne 95% de nos patients », indique Maria Khaskelberg, psychologue au sein de l’ASBL liégeoise Tabane, spécialisée dans l’assistance psychologique aux migrants. L’organisation collabore avec plusieurs centres de la région. Chaque année, entre 350 et 400 adultes et enfants introduisent une nouvelle demande de soins, l’ASBL fait donc face à de longues listes d’attente. « Ces troubles surviennent après qu’une personne a failli mourir ou a vu mourir autrui et cela à répétition », explique-t-elle. « Le trauma est comme un noeud dans le cerveau. Une odeur, un bruit peut agir comme une ficelle sur laquelle on tire, et faire revivre le souvenir. » Auparavant, les bureaux de Tabane étaient situés à proximité d’une ligne de bus. Le bruit des véhicules faisaient alors sursauter certains patients, au point que l’ASBL a dû déménager. Au centre pour demandeurs d’asile de Florennes, certains réfugiés demandent à être transférés ailleurs, comme le révèle un reportage de la RTBF diffusé jeudi midi. Explosions dans une carrière voisine, exercices de tirs dans un club à proximité… des sons stressants qui font resurgir de terribles images. « Tchétchénie, Afghanistan… Certains conflits sont plus barbares que d’autres. Les guerres civiles sont particulièrement difficiles », ajoute Maria Khaskelberg. « Le stress post-traumatique est souvent associé à d’autres troubles liés notamment au trajet de migration ou à la solitude vécue en Belgique. » Un encadrement psychologique est donc nécessaire. Comme les associations Ulysse à Bruxelles ou Exil à Namur, Tabane propose des consultations psychothérapeutiques. Elle est également spécialisée dans les séances de groupes ethnopsychiatriques – des groupes de discussion autour du problème d’une famille ou d’un groupe de personnes, avec plusieurs thérapeutes parfois de différentes origines culturelles. Pourtant, ce type d’association fait face à un cruel manque de financement, comme le dénonce Maria Khaskelberg. La moitié de l’équipe est en effet en préavis, la poursuite des activités au delà du mois de novembre étant compromise. Tabane a en effet perdu un important financement européen à la suite de la transition du Fonds européen pour les réfugiés (FER) vers le Fonds Asile Migration Intégration (FAMI), qui réduit les populations cibles couvertes par les subsides, selon plusieurs associations. L’Organisation mondiale de la santé estime que sur les 80 millions de personnes qui subissent actuellement une situation d’urgence humanitaire résultant de catastrophes naturelles ou de conflits armés, 5 à 10% souffrent d’une affection mentale.

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