Un drapeau de l'EI à Saadiya en Irak, une ville occupée pendant quelques mois par l'État islamique en 2014. © Reuters

« L’EI a formé 400 combattants pour commettre des attentats en Europe »

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

À en croire l’agence de presse Associated Press (AP), l’État islamique a entraîné 400 à 600 djihadistes dans des camps spéciaux afin de les envoyer en Europe pour y commettre des attentats.

AP, qui se base sur des entretiens avec des services de renseignement en Europe et en Irak, a interrogé la sénatrice française Nathalie Goulet qui dirige une commission d’enquête sur la lutte contre les réseaux djihadistes. « En réalité, si on connaissait le nombre exact, il n’y aurait pas d’attentats parce qu’on arrêterait les djihadistes », dit-elle. Elle confirme cependant les nombres cités.

Selon les sources d’AP, les combattants formés, répartis dans plusieurs unités et cellules, peuvent être très maniables et agir de façon « semi-autonome » et choisir l’heure, l’endroit et la méthode pour déclencher « un maximum de chaos », en interaction ou non avec d’autres cellules. Selon AP, les membres de la cellule qui a commis les attentats à Paris sont répartis en Europe.

Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats de Paris, avait déclaré à un ami peu avant sa mort au cours de l’assaut à Saint-Denis, qu’il était entré en Europe « au sein d’un groupe multinational de 90 combattants » et que ces djihadistes s’étaient retrouvés « plus ou moins partout ».

Une autre stratégie

Il y aurait des camps de formation en Syrie, en Libye et d’autres parties d’Afrique du Nord. Les jihadistes suivent des cours de stratégie, de confection d’explosifs et de surveillance discrète de cibles et apprennent à plonger dans la clandestinité.

« La différence par rapport à 2014 », explique un membre d’un service de sécurité européen, « c’est qu’à l’époque l’entraînement ne durait que quelques semaines. À présent, la stratégie est différente. Ils ont formé des unités spéciales. L’entraînement dure plus longtemps. Et l’objectif ne semble plus de tuer un maximum de gens, mais de commettre le plus possible d’attentats, afin d’obliger l’ennemi à déployer plus d’argent et de personnel ».

« Les francophones qui ont des liens en Afrique du Nord, en France et en Belgique semblent diriger les unités et sont responsables du développement de stratégies d’attaque ».

Et contrairement à il y a quelques années, les cellules peuvent se détacher davantage de l’administration centrale de Raqqa pour opérer.

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