Marianne Thyssen, commissaire européenne à l'Emploi et aux Affaires sociales. © BELGA/Dirk Waem

« L’écart salarial hommes/femmes, c’est surtout parce qu’elles prennent les congés, les temps partiels… »

La Commission européenne veut revoir les règles européennes en matière de congés parentaux pour assurer à tous les pères européens dix jours de congé de paternité et éviter que les congés parentaux soient principalement pris par les mères. Objectif: travailler à l’égalité homme-femme dans le monde du travail, a expliqué la commissaire européenne à l’Emploi et aux Affaires sociales Marianne Thyssen à quelques journalistes belges.

La Belge doit présenter ce mercredi matin au collège des commissaires ses propositions pour adapter le pilier européen des droits sociaux au monde actuel et aux changements qu’il connaît.

Un des aspects sur lesquels a travaillés Marianne Thyssen, c’est l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Plusieurs directives européennes existent – ou sont en projet – concernant les congés parentaux et de maternité.

La commissaire veut modifier la directive sur le congé parental pour supprimer la disposition qui prévoit qu’une partie de ce congé soit transféré à l’autre parent. Dans les faits, explique-t-elle, c’est souvent la mère qui récupère la majeure partie du congé, ce qui contribue aux inégalités constatées sur le marché de l’emploi.

« L’écart salarial entre les hommes et les femmes, ce n’est pas tellement parce qu’elles sont payées moins pour un travail égal, mais plutôt parce que ce sont elles qui prennent les congés, les temps partiels, etc. », a souligné Marianne Thyssen. Cela conduit donc concrètement à ce que les femmes gagnent moins que les hommes, puis aient des pensions jusqu’à 40% moins élevées, ce qui les expose aussi à la pauvreté.

« Libre aux gens d’organiser la répartition des tâches au sein de leur famille, bien sûr », a ajouté la commissaire. Mais elle plaide aussi pour que les pères puissent bénéficier partout en Europe d’un congé de paternité de dix jours à la naissance de leur enfant, et elle souhaite aussi que ces congés soient mieux compensés financièrement afin que les hommes hésitent moins à les prendre.

Par ailleurs, Marianne Thyssen aborde dans ses projets concernant le pilier européen des droits sociaux la question des nouvelles formes de travail, celles qui ont émergé avec Deliveroo ou Uber, et certains types de contrats, comme les « contrats zéro heure » déjà en vigueur au Royaume-Uni.

« Nous demandons aux partenaires sociaux comment nous pouvons faire en sorte que toute personne travaillant effectivement soit reprise dans un système, de sorte qu’elle cotise, mais soit aussi protégée », a-t-elle relevé. « Avec certains types de travail on ne sait pas très bien quel statut a l’intéressé: salarié ou indépendant? »

Outre cette réflexion sur le pilier européen des droits sociaux, la Commission lance aussi un document dans lequel elle propose de réfléchir au futur de l’Europe sociale.

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