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L’auteur de l’attaque du Thalys devrait être inculpé

Ayoub El Khazzani, l’auteur de l’attentat déjoué contre le Thalys Amsterdam-Paris, devrait être formellement inculpé mardi en France, où les enquêteurs tentent toujours d’éclaicir les zones d’ombre du parcours de ce Marocain djihadiste présumé de 25 ans.

Au terme de quatre jours de garde à vue, le suspect doit être présenté dans la soirée aux juges antiterroristes en vue de sa mise en examen (inculpation) et son placement en détention. Transféré samedi, au lendemain de son attaque avortée, au siège des renseignements intérieurs français près de Paris, il nie depuis toute motivation terroriste, affirmant avoir voulu braquer les passagers du train, sans convaincre les enquêteurs. De l’aveu des autorités, l’attentat du Thalys, en fin d’après-midi vendredi entre la Belgique et la France, aurait sans doute donné lieu à « un véritable carnage », sans l’intervention de passagers qui ont maîtrisé Ayoub El Khazzani alors qu’il sortait des toilettes lourdement armé. Ayoub El Khazzani avait en main un fusil d’assaut Kalachnikov et portait également sur lui neuf chargeurs, un pistolet Luger et un cutter lorsqu’il a été contré. Spencer Stone a été blessé au cutter dans l’action tandis que le passager franco-américain, Mark Moogalian, a été grièvement touché par balle. Hospitalisé à Lille (nord), il était toujours lundi soir dans un état jugé «  »préoccupant » par ses médecins. El Khazzani, décrit comme un « SDF », « squelettique » par l’avocate qui l’a assisté aux premières heures de sa garde à vue, a réfuté tout acte terroriste lors de ses premières auditions. Il a affirmé avoir trouvé sa Kalachnikov par hasard dans un jardin public proche de la gare de Bruxelles-Midi. Mais ses déclarations n’ont pas convaincu les enquêteurs français, qui tentent de faire parler les deux téléphones portables retrouvés sur lui. Outre la question d’éventuelles complicités ou de commanditaires de son geste, les enquêteurs s’évertuent à reconstituer le parcours sinueux du jeune Marocain, repéré par le passé par les renseignements de quatre pays européens (Espagne, France, Allemagne, Belgique). Arrivé en Espagne en 2007, vers 18 ans, installé à Algesiras (sud) où vit son père, le suspect avait été signalé pour ses discours radicaux dans des mosquées et s’était fait connaître pour trafic de drogue. Début 2014, les services de renseignement espagnols signalent à leurs homologues français son intention de franchir la frontière. Un séjour en France est désormais attesté, puisque l’opérateur de téléphonie mobile Lycamobile a confirmé lundi avoir employé El Khazzani de février à avril 2014, avant de se séparer de lui car ses papiers « ne lui permettaient pas de travailler » dans le pays. Le 10 mai 2015, Ayoub El Khazzani a été repéré à Berlin d’où il s’est envolé pour la Turquie. Ce voyage pose la question d’un passage vers les zones de Syrie sous contrôle de l’organisation Etat islamique (EI). D’après l’avocate qui l’a rencontré, il a raconté s’être déplacé ces six derniers mois en Belgique, Allemagne, Autriche, France et en Andorre.

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