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L’attaquant de Hambourg a agi par « islamisme radical »

Le Vif

Le demandeur d’asile débouté auteur d’une attaque mortelle au couteau vendredi dans un supermarché de Hambourg, dans le nord de l’Allemagne, a agi par « islamisme radical », a annoncé lundi le parquet antiterroriste.

Les autorités avaient confirmé samedi que l’homme était connu comme « islamiste mais pas comme djihadiste ». Elles avaient aussi évoqué une « instabilité psychologique », laissant ainsi planer le doute sur les motivations de son acte ou sur la nature d’un éventuel élément déclencheur.

« Il existe une motivation islamiste radicale à l’attaque, selon les éléments de l’enquête, l’accusé s’était radicalisé », a conclu lundi dans un communiqué le parquet antiterroriste fédéral de Karlsruhe, à qui l’enquête a désormais été confiée.

Mais Ahmad A., 26 ans, n’avait pas de lien avec le groupe Etat islamique ou d’autres organisations terroristes, souligne le parquet fédéral, accréditant la thèse du « loup solitaire ».

Le jeune homme, dont la demande d’asile avait été refusée, « s’intéressait depuis un certain temps aux thèmes liés à l’islamisme radical. Deux jours avant l’attaque, il avait adopté les rituels adaptés (au passage à l’acte selon l’idéologie djihadiste) et avait décidé le jour J de commettre une tentative d’assassinat et de mourir en martyr », a ajouté le partquet.

« Vêtements islamistes »

Vendredi après-midi, l’homme est entré dans un supermarché du nord de Hambourg, s’est emparé d’un couteau de cuisine dans un rayon et a mortellement blessé un client. La victime, un Allemand de 50 ans, a été identifiée lundi par le parquet antiterroriste comme Mathias P.

L’attaquant a ensuite blessé grièvement un autre client puis est sorti dans la rue, une artère commerçante très fréquentée, pour attaquer des passants en criant « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand). Il a fait trois blessés.

Des badauds ont réussi à l’arrêter dans sa course et à le maîtriser en lui lançant des objets, dont des chaises. Une personne a été blessée dans cette bagarre.

Ce Palestinien né aux Emirats arabes unis, arrivé en mars 2015 en Allemagne depuis la Norvège, était considéré avant son passage à l’acte comme « un cas suspect » suite à « des éléments montrant une radicalisation » religieuse, avait dit vendredi le ministre de l’Intérieur de la ville-Etat de Hambourg, Andy Grote.

« Pendant le dernier ramadan, il avait acheté des vêtements islamistes et lisait le Coran dans sa chambre a voix haute », a raconté à l’AFP son voisin de chambre au foyer de réfugiés Mohamad, 31 ans.

Le ‘héros’ à la chaise

Sur le plan politique, les interrogations autour des migrants ont ressurgi dans le pays, qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015. Angela Merkel se voit depuis accusée par la droite nationaliste d’avoir fait entrer des djihadistes en puissance en Allemagne.

Un dirigeant du parti populiste anti-islam AfD, Marcus Pretzell, a dénoncé lundi une « négligence de la part de l’Etat ».

Débouté de sa demande, le jeune Palestinien de Hambourg n’avait pu être reconduit à la frontière faute de papiers en règle.

Le lien a commencé à être fait en Allemagne avec l’attentat djihadiste au camion-bélier contre le marché de Noël à Berlin en décembre dernier (12 morts). Il avait été commis par un demandeur d’asile tunisien, Anis Amri, qui était dans une situation juridique identique.

Au lendemain de cette attaque, l’Allemagne avait revu son dispositif légal. Et, hasard du calendrier, samedi – soit le lendemain de l’attaque de Hambourg – cette loi permettant à l’Allemagne d’accélérer les expulsions de demandeurs d’asile, en particulier les personnes considérées comme dangereuses, est entrée en vigueur.

Dans le même temps, l’Allemagne célébrait lundi les héros de vendredi, les hommes qui ont pris en chasse l’attaquant, chaises de café à la main, dont l’un est lui-même un demandeur d’asile. « Je ne suis pas un héros, j’ai juste fait mon devoir », a dit au quotidien Bild Toufik Arab, qui a fui l’Afghanistan pour l’Allemagne.

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