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L’armée égyptienne suspend la Constitution

Elle annonce aussi l’organisation d’un référendum et la dissolution du Parlement.

L’armée égyptienne, en charge de la gestion du pays depuis la chute vendredi du président Hosni sous la pression de la rue, a annoncé dimanche la suspension de la Constitution.
Dans un communiqué lu à la télévision d’Etat, le conseil suprême des forces armées a aussi annoncé la dissolution des deux chambres du Parlement – l’Assemblée du Peuple et la Choura – ainsi que la formation d’une commission pour amender la Constitution et l’organisation d’un référendum sur les futurs amendements.

L’opposition réclame notamment l’abrogation de l’article 76 qui encadre de manière drastique les candidatures à l’élection présidentielle et dont Hosni Moubarak avait lui-même proposé l’annulation dans son ultime discours à la nation, jeudi soir. Elle souhaite aussi restreindre le nombre de mandats présidentiels, actuellement illimités.

L’armée a en outre indiqué que la période de transition politique durerait six mois. Le conseil suprême, instance formée d’une vingtaine de généraux, ajoute qu’il « prend en charge la direction des affaires du pays provisoirement pendant six mois, ou jusqu’à la fin des élections législatives et pour la présidence de la République ».

Le conseil militaire ajoute encore que son chef, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, représentera l’Egypte à l’étranger et réaffirme que l’Egypte reste engagée par ses traités et obligations internationaux.

L’organisme militaire collégial souligne qu’il sera habilité à promulguer des lois durant la période de transition. Il indique que le Premier ministre Ahmed Chafik, nommé par Hosni Moubarak dans les premiers jours de la contestation, restera en fonction jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement.

Ce dernier a précisé que les militaires égyptiens allaient définir le rôle d’Omar Souleimane, nommé vice-président par Moubarak mais dont les fonctions sont devenues incertaines.

En démissionnant, vendredi, le raïs a en effet confié le pouvoir au conseil suprême des forces armées, et le plus grand flou entoure les prérogatives actuelles de Souleimane.

Manifestation des policiers

Le gouvernement d’Ahmad Chafic, chargé des affaires courantes, s’est réuni dimanche pour la première fois depuis le départ sous la pression populaire de M. Moubarak.

M. Chafic a déclaré que sa première priorité était de « restaurer la sécurité et de faciliter la vie quotidienne de la population ».

Il a assuré que l’ex-président était toujours à Charm el-Cheikh, une station balnéaire égyptienne sur la mer Rouge, démentant les rumeurs d’un départ à l’étranger.

Dimanche, le mur où était accroché un portrait de M. Moubarak devant la salle de réunion du gouvernement était nu.

Près de 400 policiers ont par ailleurs défilé devant le ministère de l’Intérieur « pour leur honneur », en réclamant des hausses de salaires et l’exécution de leur ancien ministre, Habib el-Adli, révoqué fin janvier sous la pression de la rue.

Ces policiers, accusés de brutalité et de corruption et méprisés par une grande partie de la population, ont assuré qu’ils avaient reçu des ordres pour réprimer avec brutalité les manifestations exigeant le départ de M. Moubarak qui ont débuté le 25 janvier.

Vols au Musée égyptien du Caire

Par ailleurs, le secrétaire d’Etat aux antiquités Zahi Hawass a annoncé que huit pièces de grande valeur, représentant notamment le pharaon Toutankhamon, avaient disparu du Musée égyptien du Caire qui jouxte la place Tahrir, épicentre de la contestation contre le régime pendant dix-huit jours.

Un inventaire effectué après que des inconnus eurent réussi à pénétrer dans le bâtiment le 28 janvier, pendant un rassemblement place Tahrir, a révélé qu’une statue en bois recouverte d’or de Toutankhamon porté par une déesse et deux autres d’Akhenaton et Néfertiti avaient notamment été dérobées. Une enquête a été ouverte.

Sur la place Tahrir, la circulation a repris. Seule une partie de la place, où quelques milliers de manifestants restaient présents, était fermée au trafic. Quelques brèves échauffourées ont eu lieu entre des soldats et quelques dizaines d’irréductibles refusant de quitter les lieux après la démission de M. Moubarak vendredi.

« Nous ne voulons pas partir. Nous resterons jusqu’à ce que l’armée entende nos demandes », a assuré Ahmed Afifi, 21 ans, évoquant la levée de l’état d’urgence et la libération des manifestants arrêtés.

Les tanks de l’armée postés aux entrées de la place, étaient toujours présents, mais ne bloquaient pas les accès.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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