Le président de la Commission des droits de l'Homme en Arabie saoudite, Bandar bin Mohammed Al-Aiban. © Reuters

L’Arabie saoudite bientôt à la tête du Conseil des droits de l’Homme ?

Stagiaire Le Vif

En décembre, ce sera à un pays asiatique d’assurer la présidence du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. L’Arabie saoudite fait le forcing pour être désignée.

Actuellement occupé par l’Allemand Joachim Ruecker, le poste de président du Conseil des droits de l’Homme est renouvelé chaque année depuis la création de cet organe intergouvernemental de l’ONU, en 2006. Selon la règle de rotation, c’est au tour d’un pays asiatique d’en enfiler la responsabilité. Et il se pourrait bien que ce soit l’Arabie saoudite qui rafle la mise, en décembre prochain. Une « catastrophe » potentielle, qui ferait tomber la commission « dans le discrédit », pour un diplomate ayant souhaité rester anonyme.

Il n’empêche que Faisal bin Hassan Trad, le représentant de l’Arabie saoudite à l’ONU, a déjà débuté son petit lobbying auprès des 12 autres pays du groupe « Asie et Pacifique » pour les inciter à choisir la monarchie arabe comme candidat. Sur le papier, rien ne l’empêche d’ailleurs d’être élue, puisqu’elle fait partie des 47 États du Conseil, désignés tous les 3 ans par les 193 membres des Nations Unies, qui se basent pour cela sur « la contribution des États à la promotion et la protection des droits de l’Homme, ainsi que des promesses et engagements. » Ses chances s’avèrent d’autant plus grandes que ses 12 homologues asiatiques ne sont eux-mêmes pas toujours irréprochables en matière de respect des droits de l’Homme : il s’agit notamment du Qatar, de l’Inde, de la Chine ou encore du Bangladesh.

Si elle arrivait à la présidence (les 193 devraient encore approuver cette décision), l’Arabie saoudite n’aurait toutefois pas carte blanche : l’adoption d’une de ses propositions nécessiterait l’accord, à l’unanimité, des 47 membres. En outre, chacun d’entre eux peut soumettre des résolutions, qui, pour être adoptées, ne requièrent quant à elles que la majorité simple.

« C’est impensable ! »

Le Conseil, dont l’objectif principal est d’aborder des situations de violations de droits de l’Homme et d’émettre des recommandations à leur encontre, pourrait donc être bientôt dirigé par l’un des huit pays à ne pas avoir ratifié la Déclaration universelle des droits de l’Homme lors de son adoption, en 1948.

L’Arabie saoudite fait par ailleurs régulièrement parler d’elle pour ses « manquements » démocratiques : égalité des sexes inexistante, condamnation à mort des homosexuels, justice expéditive, etc. Le dernier « écart » en date du gouvernement : le recrutement de 8 bourreaux pour exécuter, par décapitation, les condamnés à la peine capitale.

Pour la porte-parole d’Amnesty International à Genève, Nadia Boehlem, une telle nomination est tout bonnement « impensable ». « Il est totalement ironique de voir un pays qui bafoue aussi allègrement les droits de l’Homme convoiter la direction du Conseil », juge-t-elle. A.V.

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