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L’ancien challenger de Nixon, George McGovern, est mort

L’ancien candidat malheureux du Parti démocrate à la présidence des Etats-Unis, et sénateur George McGovern, contre le républicain Richard Nixon en 1972, est décédé tôt dimanche matin à l’âge de 90 ans, a annoncé sa famille.

Sa famille a annoncé dans un communiqué qu’il était décédé à l’aube dans une maison de retraite à Sioux Falls (Dakota du sud) entouré par les siens. « Notre père s’est éteint au terme d’une vie longue et fructueuse, dédiée aux défavorisés et à la défense de la paix », précise le communiqué. « Il a continué à donner des discours, à écrire et à conseiller jusqu’à son 90e anniversaire, qu’il a fêté cet été, et au-delà. »

George McGovern, figure progressiste, candidat malheureux face à Nixon L’ancien sénateur américain George McGovern, décédé dimanche à l’âge de 90 ans, était une figure progressiste du parti démocrate, farouche opposant à la guerre au Vietnam et candidat malheureux contre Richard Nixon à l’élection présidentielle de 1972.

Le parti démocrate, auquel il avait adhéré en 1952, lui doit l’élargissement de sa base, composée alors essentiellement de syndicalistes et de travailleurs citadins, avec l’adhésion massive de femmes, d’étudiants et de minorités séduits par une campagne de terrain lors de la présidentielle de 1972. C’est à cette occasion que le couple Clinton, alors âgé d’une vingtaine d’années, fit ses premières armes en politique. De nombreux soutiens de McGovern apportèrent d’ailleurs leur voix à Hillary Clinton lors de la bataille des primaires en 2008. A l’époque, McGovern sut tirer parti de l’opposition grandissante contre la guerre au Vietnam mais sa popularité s’effondra après la découverte du passé psychiatrique de son ticket, le sénateur Thomas Eagleton. Souffrant de dépression, l’homme avait été hospitalisé par trois fois et soumis à des électrochocs, ce que McGovern ignorait.

Le scandale servit de leçon aux futurs candidats à la Maison Blanche qui menèrent par la suite des enquêtes approfondies sur le profil de leur vice-président. L’affaire entraîna la chute du candidat démocrate qui connut l’une des pires défaite de l’histoire américaine. « McGovern, le gauchiste » devint l’un des sobriquets préférés des républicains pendant plusieurs décennies. Deux ans plus tard, le scandale du Watergate éclatait et le président Nixon fut contraint de démissionner pour avoir mis sur écoute le siège du parti démocrate à Washington.

« vie heureuse, longue, riche et complexe » Né le 19 juillet 1922 à Avon dans le Dakota du Sud (nord), McGovern s’engage comme volontaire dans l’armée de l’air à 19 ans et effectue 35 missions à bord d’un bombardier au-dessus de l’Europe pendant la Seconde guerre mondiale. En 1953, il est diplômé d’un doctorat en histoire de l’université de Northwestern. Elu à la Chambre des représentants de 1957 à 1961, il devient en 1961 le directeur du programme Paix contre nourriture mis en place par le président Kennedy. L’année suivante, il est élu comme sénateur du Dakota du Sud où il siégera pendant trois mandats. Pourfendeur de la faim dans le monde, il quitte le sénat en 1981 et devient professeur honoraire dans différentes universités. Dans les années 90, il prend la tête du groupe de réflexion washingtonien, le Middle East Policy Council. En 1994, sa fille Terry, ancienne mère alcoolique de deux enfants est retrouvée morte, gelée dans sous un amas de neige dans le Wisconsin (nord). Après le drame, McGovern écrivit un livre sur la dépendance de sa fille et investit les bénéfices dans un centre de désintoxication pour femmes et enfants. Il eut quatre autres enfants avec sa femme Eleanor qui mourut en 2007. Dans un récent entretien avec le Washington Post, McGovern est revenu sur sa cuisante défaite de 1972: « Je voulais gagner pour notre parti, nos jeunes soldats, les hommes et les femmes de bonne volonté désabusés par le Watergate et le poids de l’argent en politique ». Mais « du haut de mes 90 ans, je peux dire maintenant que ma défaite à la présidentielle ne fut qu’un chapitre d’une vie heureuse, longue, riche et complexe qui m’a enseigné qu’on ne pouvait pas toujours tout contrôler ».

Avec Belga

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