San Miguel los Lotes © Reuters

L’Amérique centrale à la merci de ses volcans

Le Vif

La puissante éruption du Volcan de feu début juin au Guatemala, qui a enseveli la localité de San Miguel los Lotes, semant mort et désolation, a remis en lumière la vulnérabilité de l’Amérique centrale face à ces colosses explosifs.

Le Guatemala est situé sur la « Ceinture de feu du Pacifique », une zone qui concentre environ 85% de l’activité sismique terrestre. La chaîne volcanique de région centraméricaine est particulièrement dangereuse car elle est composée de « stratovolcans », lesquels sont explosifs, déclare à l’AFP Eduardo Gutierrez, vulcanologue de l’Observatoire environnemental du Salvador, pays voisin.

« Cela veut dire que le système interne de ces volcans est constitué d’une chambre magmatique où est emmagasiné le magma, laquelle se remplit (jusqu’à l’explosion) », ajoute l’expert, qui souligne que le danger est renforcé par la proximité de plusieurs villages situés au pied des volcans.

Outre le Volcan de feu, deux autres sommets sont également actifs au Guatemala: le Santiaguito (ouest) et le Pacaya (20 km au sud de la capitale). Au Salvador, c’est le Santa Ana et le Chaparrastique qui sont sous surveillance.

Au Nicaragua, le volcan Momotombo s’est réveillé il y a trois ans, après un siècle de sommeil, tandis qu’au Costa Rica, le Poas, le Turrialba et le Rincon de la Vieja ont récemment présenté des signes d’activité.

« L’éruption au Guatemala ne doit pas nous faire oublier que le problème existe dans toute la région », ajoute Eduardo Gutierrez.

La puissante éruption du Volcan de feu, colosse de 3.763 mètres de haut situé à 35 km au sud-ouest de la capitale, a engendré des coulées à haute température, mélange de fragments de roches et de gaz volcaniques, bien plus rapides que la lave.

– Danger permanent –

« Ces coulées dites pyroclastiques peuvent se déplacer à plus de 100 km/h, bien plus rapidement et bien plus loin que les coulées de lave (qui elles avancent rarement assez vite pour engloutir les gens). C’est ce type de coulées qui a fait tant de victimes lors de la fameuse éruption du Vésuve en 79 après J.-C., détruisant Pompéi », avait expliqué à l’AFP peu après l’éruption le géologue David Rothery de Open University en Angleterre.

Les autorités ont pour l’heure dénombré 112 morts, 197 disparus et plus de 3.500 personnes évacuées.

Engloutie, la localité de San Miguel los Lotes avait été transformée en paysage lunaire de cendres.

Pour Gino Gonzalez, vulcanologue costaricain de l’ONG Volcans sans frontière, le pouvoir de destruction du Volcan de feu a été renforcé par son altitude et par ses pentes fortement inclinées, accélérant la vitesse des coulées.

« Le plus important, c’est le gaz, qui lorsqu’ils se répand, peut exploser et lancer des flux à très grande vitesse, jusqu’à 700 ou 800 kilomètres par heure », poursuit-il.

A contrario, la lave émanant du volcan Kilauea à Hawaï, l’un des plus actifs du monde, entré en éruption en mai, est « une masse légèrement visqueuse qui se déplace à une vitesse très lente ».

Pour Gutierrez, les deux types de volcans « sont dangereux », mais lors des éruptions centraméricaines, « la libération rapide d’énergie peut causer plus de dégâts ».

Dans la foulée de la tragédie au Guatemala, la protection civile et l’institut de vulcanologie ont délimité une zone à haut risque où se trouvent quelque 200 localités.

Sergio Cabañas, directeur de la protection civile guatémaltèque, accusé de négligence supposée pour ne pas avoir ordonné une évacuation lors de l’éruption du Volcan de feu, a indiqué que la décision reviendra aux maires afin d’éviter un nouveau désastre.

Le risque pour les localités environnantes « est permanent », à cause de la forte activité de ce sommet, souligne Eddy Sanchez, chef de l’Institut volcanologique local.

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