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L’ambassade d’Irak attaquée par l’EI à Kaboul, les assaillants tués

Le Vif

L’ambassade d’Irak à Kaboul a été lundi la cible d’une attaque coordonnée pendant plus de quatre heures menée par quatre assaillants, tous tués par les forces afghanes et revendiquée par le groupe Etat islamique en plein coeur de la ville.

« L’attaque est terminée, tous les assaillants ont été tués », a annoncé peu après 15H30 (11H00 GMT) sur sa page Facebook le ministère de l’Intérieur qui avait auparavant parlé d’un commando de quatre assaillants, dont un kamikaze qui a ouvert la voie aux autres.

« Les diplomates irakiens ont été évacués en lieu sûr, aucun n’a été blessé », selon le communiqué.

Selon le porte-parole du ministère irakien des Affaires étrangères, Ahmed Jamal, qui a rapporté « deux morts, deux gardes afghans » tués dans l’attaque de l’EI, « le chargé d’affaires (qui tient lieu d’ambassadeur, ndlr) a été évacué vers l’ambassade d’Egypte » voisine. Le ministère afghan de l’Intérieur n’a pour sa part fait état que d’un policier blessé.

L’organe de propagande de l’EI, Amaq, a revendiqué l’opération, évoquant « deux » combattants, sans autres précisions. Un nouveau communiqué authentifié en fin de journée a maintenu cette version « d’un raid confui pr deux attaquatnts » qui ont fait « 27 morts ».

C’est la première fois que l’ambassade d’Irak à Kaboul est attaquée, après plusieurs attentats contre des missions étrangères.

Le ministère afghan de l’Intérieur avait confirmé à la mi-journée l’attaque contre la légation irakienne, indiquant dans un communiqué: « vers 11H10 ce matin (06H40 GMT), un groupe de quatre terroristes a attaqué l’ambassade irakienne dans le district 4 de Kaboul » (centre-ville).

« Un premier kamikaze s’est fait exploser à l’entrée de l’enceinte et trois autres se sont frayés un chemin à l’intérieur. La police a réagi promptement et le personnel de l’ambassade a été emmené en lieu sûr » ajoutait-il en annonçant qu' »une opération pour tuer les terroristes (était) en cours ».

Selon un responsable de la sécurité, les forces spéciales étaient sur place « et les civils riverains ont été évacués ».

Echoppes fermées

Les premières détonations ont été entendues et signalées à l’AFP peu après 11h00 (06H30 GMT): au moins quatre explosions, des tirs d’armes à feu et de grenades ont été entendus, ont précisé plusieurs riverains.

Une épaisse fumée noire s’est aussitôt élevée au-dessus du quartier visé, assailli par les sirènes de police et d’ambulances.

Toutes les échoppes de Shar-è-Now, le quartier commercial chic de Kaboul, ont été fermées.

En fin d’après-midi, un officier de sécurité chargé de collecter les images des caméras de surveillance a précisé à un photographe de l’AFP que les assaillants avaient été déposés en voiture. « Ils sont entrés à pied en tirant sur les gardes dans l’enceinte de la légation, protégée en partie par des murs de béton anti-blast, les T-walls. »

« Ce n’est qu’arrivés à l’intérieur du bâtiment que le premier kamikaze s’est fait exploser ». Plusieurs traces noires provenant d’un début d’incendie sont d’ailleurs visibles sur la façade de l’ambassade.

Dans un communiqué, le ministère afghan des Affaires étrangères a « fermement condamné l’attaque contre l’ambassade irakienne ». Simultanément à Bagdad, le ministère irakien indiquait « suivre la situation avec les autorités afghanes compétentes et des pays amis ».

Cette attaque intervient en pleine débâcle de l’EI en Irak et en Syrie. Le 13 juillet, le chargé d’affaires irakien à Kaboul avait donné une conférence de presse « à l’occasion de la victoire de nos forces armées(…) dans la ville de Mossoul », reprise à l’EI, selon le site de l’ambassade.

L’EI qui recule au Levant est apparu dans l’est de Afghanistan pour fonder « L’émirat du Khorasan », le nom antique de la région, début 2015. Il progresse désormais dans le nord du pays malgré les raids aériens américains qui ciblent régulièrement ses positions.

Le groupe a revendiqué plusieurs attentats sanglants au coeur de Kaboul depuis un an, dont le premier le 23 juillet 2016 avait fait 84 morts et 300 blessés au sein de la minorité chiite afghane.

Avec cette attaque, l’EI « veut envoyer un message à de nombreux Etats, pas seulement à l’Irak, pour prouver qu’il est présent partout (…) particulièrement après les victoires enregistrées par les forces de sécurité irakiennes », estime Essam al-Fili, politologue irakien joint par l’AFP.

« Attaquer des ambassades fait partie de la stratégie de ce genre de groupes, car (elles) représentent un symbole fort pour les Etats » touchés.

L’EI a perpétré de nombreuses attaques dans des quartiers diplomatiques. Mais hormis une attaque contre le consulat italien du Caire en 2015, celle-ci est la première menée directement à l’intérieur d’une chancellerie.

AFP

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