© REUTERS/Gil Cohen Magen

L’Alya pour Israël en hausse

Stagiaire Le Vif

Plus de 400 juifs de France ont décidé de s’installer, depuis cet été, dans l’État hébreu. Certains pour des convictions religieuses profondes, d’autres pour des raisons fiscales.

Alors que le conflit s’embrase entre Israël et la Palestine, plus de 400 immigrants juifs de France sont arrivés cette semaine en Israël et ont reçu jeudi leurs nouvelles cartes d’identité israélienne. Certains sont toujours déterminés à s’installer dans le sud du pays, non loin de la bande de Gaza, malgré les évènements actuels.
« Votre arrivée en Israël est la meilleure réponse à nos ennemis », leur a déclaré la ministre de l’Immigration, Sofa Landver, en les accueillant la veille au soir à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. « Nous voulons que les juifs du monde entier comprennent qu’il n’y a pas d’autre endroit où ils se sentiront plus à la maison qu’en Israël », a déclaré la ministre.

Les 430 nouveaux immigrants de l’Hexagone s’ajoutent aux 2 600 ressortissants français arrivés depuis le début de l’année. « Selon nos estimations, plus de 5 000 juifs de France vont immigrer en Israël en 2014, un record depuis la création de l’État d’Israël », prédit Oded Forer, directeur général du ministère de l’Immigration.
L’aliya (littéralement l’ascension vers Israël, dont les migrants s’appellent des Olim) de France avait déjà fait un bond en 2013 avec 3 280 personnes prenant la nationalité israélienne contre 1 907 en 2012, soit une hausse de plus de 70 %, selon le ministère.

En Belgique, on estime les départs à environ une centaine par an pour une communauté juive de 40 000 personnes (162 en 2012 selon le Ministère de l’Intégration israélien, avec un pic de 239 Alya enregistrés en 2010).
Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme déclare, dans une tribune de La Libre Belgique, que la recrudescence de l’antisémitisme est la principale motivation pour emménager en Israël. Parmi les tranches d’âge, ce sont d’abord les jeunes, en pleine réflexion quant à leurs études supérieures, qui décident d’aller aux États-Unis, au Canada ou en Israël ; puis les retraités en quête d’un climat plus hospitalier, ajoute M. Rubinfeld. Ce dernier estime qu’on assiste à un exode silencieux.

Les villes les plus prisées par les juifs de France sont Ashdod et Ashkelon, deux localités du sud d’Israël. « Personne n’a annulé son voyage à cause de la situation », se félicite Ariel Kandel, directeur de l’Agence juive à Paris. (Ces villes ont été les cibles de tirs de roquettes des groupes armés du Hamas depuis Gaza, NDLR.)

« L’herbe serait plus verte en Israël »

« On peut se demander s’il y a un avenir pour les juifs en France, mais nous n’avons aucun doute sur le fait qu’il y a un avenir pour eux en Israël », a affirmé le président de l’Agence juive Natan Sharansky, ancien immigrant de l’ex-URSS.

Pour Laurent Attelann, 41 ans, venu avec sa femme et ses quatre enfants de Paris pour vivre à Ashdod, « c’est un aboutissement ». Évoquant la manifestation propalestinienne à Paris dimanche dernier, qui a dégénéré près d’une synagogue, M. Attelann à l’AFP assure « se sentir plus en sécurité sous les roquettes que « rue de la Roquette » », où ont eu lieu les incidents.

L’immigration des juifs de France est devenue une priorité pour les autorités israéliennes, dans un climat d’inquiétude sur une montée de l’antisémitisme en Europe. « Après ce qui s’est passé à Paris récemment, il est de plus en plus clair que la place des juifs de France est en Israël », souligne Oded Forer, en précisant qu’un directeur et coordinateur des activités concernant l’immigration juive de France vient d’être nommé par son ministère. « L’aliya de France va augmenter alors que la situation sécuritaire va se calmer ici contrairement à ce qui se passe en Europe où les choses dégénèrent », selon M. Forer. La communauté juive de France compte près de 500 000 personnes, selon des estimations, ce qui en fait la plus importante en Europe. Depuis la création d’Israël en mai 1948, plus de trois millions de personnes y ont immigré, dont plus de 90 000 de France.

Régime fiscal favorable pour les binationaux

Le site Slate rapporte que « 30 % de ces immigrés retournent en France après un échec de leur intégration lié entre autres à la difficulté d’un apprentissage approfondi de l’hébreu et plus encore à l’échec sur le marché du travail même si le chômage est sensiblement plus faible qu’en France ».

L’auteur précise qu’il existe d’autres raisons, moins liées au sentiment sioniste, qui pousseraient des personnes issues de la communauté juive à émigrer en Israël. Un régime fiscal avantageux inciteraient les résidents français à ouvrir des comptes bancaires dans l’État hébreu soit en tant qu’étranger, soit en tant que résident permanent. Cet avantage est l’exonération fiscale. La législation en France n’empêche pas un de ses ressortissants à ouvrir un compte à l’étranger à condition de le mentionner dans sa déclaration de revenus.

Toutefois, en obtenant la nationalité, les autorités bancaires israéliennes ne sont plus contraintes de déclarer au fisc français les comptes de leurs concitoyens.

La tendance affichée tend vers la hausse après une constante diminution du nombre de nouveaux entrants en Israël. En 2007, pour la première fois depuis vingt ans, il est passé sous la barre de 20 000 arrivées pour l’année et le nombre d’émigrés juifs est devenu supérieurs au nombre d’immigrants.

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