Les Syrian Democratic Forces, se préparant à un assaut contre l'Etat Islamique à Raqa. © AFP

L’alliance anti-EI gagne du terrain à Raqa

Le Vif

Les combattants kurdes et arabes soutenus par les Etats-Unis gagnaient du terrain mercredi à Raqa au lendemain du lancement de l’assaut final pour prendre au groupe Etat islamique (EI) sa « capitale » de facto en Syrie.

Sept mois après le début d’une offensive d’envergure qui leur a permis de s’emparer de vastes régions autour de Raqa, dans le nord du pays, les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont entrées mardi dans le quartier de Mechleb, dans l’est de la ville.

Capturée par les jihadistes en 2014, Raqa est devenue le symbole des atrocités commises par l’EI dont les décapitations, les exécutions publiques et une base pour la planification d’attentats commis à l’étranger.

Le commandement de l’opération visant à reprendre Raqa a annoncé mercredi dans un communiqué la prise du quartier de Mechleb (est) et de la citadelle de Harqal, située sur une colline dominant la périphérie ouest de Raqa.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les combats faisaient rage en outre mercredi sur trois fronts autour de Raqa.

« Il y a des combats à l’est ainsi qu’à l’ouest de la ville », a indiqué le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane. « Les FDS combattent aussi dans le complexe militaire ‘Division 17’, à environ deux kilomètres au nord de Raqa, mais la zone est truffée de mines ».

Civils ‘piégés’

Selon l’OSDH, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a mené des raids intensifs sur la ville pendant la nuit.

Selon un militant du collectif « Raqa is Being Slaughtered Silently » (« Raqa est massacrée en silence »), les habitants de la ville font état de bombardements incessants.

« Le bombardement dure depuis deux jours et n’a pas cessé plus d’une heure. Ce sont des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et parfois à la roquette », a déclaré à l’AFP Abou Mohamed.

Une des frappes mardi sur la ville a tué huit civils, dont trois enfants, selon l’OSDH.

Le nombre de civils tués par les raids de la coalition est en nette hausse depuis que les FDS ont lancé leur offensive. Vingt et un civils avaient également péri lundi alors qu’ils tentaient de fuir Raqa.

Selon les Nations unies, environ 160.000 personnes vivent encore à Raqa, contre 300.000 avant le début de la guerre en Syrie en 2011.

Le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU David Swanson a affirmé que quelque 100.000 personnes « pourraient se trouver piégées » durant l’assaut.

Mardi, l’International Rescue Committee s’est dit « très inquiet pour la sécurité des civils à Raqa » après la chute du nombre de personnes ayant réussi à quitter la ville la semaine dernière.

Cette baisse indique que l’EI veut utiliser les civils comme « des boucliers humains », a estimé cette ONG.

‘Acte d’agression’

Les FDS, qui ont annoncé mardi le début de la « grande » bataille pour la reprise de Raqa, ont remporté une série de succès depuis le début de leur opération en novembre dernier, dont la capture en mai de Tabqa et du barrage adjacent, à l’ouest de Raqa.

Chef des forces de la coalition qui fournit aux FDS des armes, un appui aérien et les assiste au sol avec des conseillers, le général américain Steve Townsend a cependant averti que la bataille serait « longue et difficile ».

Dans le sud-est de la Syrie, la coalition internationale a par ailleurs frappé mardi des forces pro-régime près d’al-Tanaf, non loin des frontières irakienne et jordanienne.

Un groupe « de plus de 60 soldats » avec « un char et de l’artillerie » représentait « une menace » pour les forces de la coalition présentes à Al-Tanaf, a indiqué la coalition dans un communiqué.

Selon l’OSDH, 17 membres des forces du régime auraient été tués dans cette frappe. L’agence officielle Sana a indiqué que plusieurs personnes avaient été tuées dans l’attaque.

« C’est un acte d’agression qui viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie », a dénoncé mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dont le pays est allié au régime syrien.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a lui accusé les Etats-Unis de diriger une coalition « qui pratique le terrorisme ». Il a mis en garde dans un communiqué contre les « dangers d’une escalade ».

Un opération semblable de la coalition avait déjà eu lieu le 18 mai contre ces mêmes forces, qui sont soutenues par l’Iran, autre allié de Damas, selon le Pentagone.

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