Les Fake News, un phénomène global. Image d'illustration. © DR

L’Afrique également touchée par les fake news

Stagiaire Le Vif

Sur la toile, des sites créent de toutes pièces des informations. Volontairement mensongères. Difficile pour le public de démêler le vrai du faux. Partout, leur usage est devenu monnaie courante. Et l’Afrique n’échappe pas à la règle. Petit florilège : de la polygamie obligatoire en Érythrée à la fausse mort de Bouteflika.

Depuis la campagne présidentielle américaine, le terme fake news est entré dans le vocabulaire de l’internaute lambda. En Europe, le centre névralgique de la création de ces entorses à la vérité se trouve à Vélès, petite ville de Macédoine où de jeunes geeks ont créé des sites pro-Trump qui reprennent les codes des médias classiques. Leur mission : inonder le réseau de fausses nouvelles à la gloire de l’actuel président des États-Unis.

Mais le marché des fake news n’est pas seulement florissant lorsqu’il concerne Trump ou la Russie. En Afrique, les infos trompeuses pullulent. Le site d’information Jeune Afrique a compilé les plus emblématiques d’entre elles auxquelles on a rajouté quelques cas.

La polygamie ou la prison

La nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. Les médias africains et européens avaient relayé, sans sourciller, l’information selon laquelle le gouvernement érythréen allait obliger la gente masculine du pays à se marier avec au moins deux femmes.

FAKE. Mais les auteurs avaient finement joué, allant jusqu’à pondre un faux texte de loi : « En se basant sur le jugement de Dieu à propos de la polygamie et des circonstances actuelles du pays (beaucoup plus de femmes que d’hommes), le département érythréen des affaires religieuses a pris {la} décision suivante. (…) Tous les hommes devront épouser au moins deux femmes et l’homme s’y opposant pourrait purger une peine d’emprisonnement à vie avec travaux forcés ». Le gouvernement d’Érythrée avait à l’époque rapidement réagi à la polémique en démentant formellement les faits.

Les fausses photos de l’avion de Mohamed VI

Lit king size et luxe ostentatoire. Début 2016, des photos du nouvel intérieur de l’avion royal du Maroc inondent la toile et scandalisent les internautes du royaume chérifien. Il faut dire que l’information était plausible. L’appareil venait de subir un lifting en Allemagne. Mais tout s’est révélé faux. Les clichés étaient en réalité issus des pages VIP du catalogue de la firme Boeing.

Il faut dire que la famille royale marocaine est souvent prise pour cible par les marchands de fake news. Mohamed VI attire le clic.

Bouteflika mort plusieurs fois…

Pour Abdelaziz Bouteflika, c’est devenu relativement habituel. Surtout depuis ce 16 novembre 2005, quand le dirigeant algérien est transféré d’urgence dans un hôpital parisien pour soigner un ulcère hémorragique. À l’époque, les rumeurs se propagent et sont même relayées par les chaînes de télévision. Pourtant, aucune déclaration officielle ne confirme sa mort. Qu’importe, les rumeurs enflent.

Finalement, Bouteflika est sain et sauf. Même si, aujourd’hui âgé de 80 printemps, il est plus que jamais un sujet convoité par les fabricants de fake news.

Nigeria ? Out.

La vidéo a été visionnée plus de 130.000 fois sur Youtube. On entend une voix féminine reprendre des termes qu’aurait prononcés Donald Trump. Il aurait estimé que les États-Unis devaient « expulser les Africains » et aurait précisé : « Pas les Noirs, les Africains, surtout les Nigérians. Ils sont partout (…) et prennent nos emplois ».

L’inquiétude est alors montée dans les rangs des médias nigérians. Mais cette vidéo n’est qu’un faux. C’est le site satirique nigérian FNN qui a diffusé l’information pour la première fois. Le président américain, pourtant jamais à l’abri d’une mauvaise sortie, n’a jamais tenu ces propos. Des internautes du Géant d’Afrique avait pourtant été jusqu’à inventer la réplique potentielle de Muhammadu Buhair, leur président qui promettait dès lors d’expulser tous les Américains du Nigéria.

Fausse lapidation au Mali

Le 17 mai, l’AFP publie une dépêche. L’info fait ensuite le tour des rédactions françaises qui, du coup, diffusent cette histoire d’un couple non marié qui aurait été lapidé dans le nord du Mali. Cette lapidation, annoncée par des élus locaux, aurait eu lieu dans la région de Kidal.

Cette exécution est rapidement mise en doute par les réseaux sociaux. Mais il faudra attendre près de quinze jours pour obtenir un démenti officiel. D’après un élu et une source sécuritaire, les deux concubins ont simplement été menacés. L’AFP a immédiatement repris l’information.

« Tous les Kényans ont le vol dans le sang »

Robert Mugabe aurait ajouté : « Ces gens d’Afrique de l’Est me choquent avec leur sorcellerie du vol. (…) Dieu n’aurait jamais dû créer ces voleurs [kényans] en Afrique. » Seulement, le président du Zimbabwe, en poste depuis 29 ans, n’a jamais tenu ces propos injurieux. Ils ont en réalité été inventés par le site d’information The Spectator qui désirait réaliser par là une « satire » du problème de la corruption au Kenya. La citation a été reprise par le New York Times qui a par la suite rectifié.

La polémique, montée de toutes pièces, a pris le pas sur la véracité des faits. Les internautes kenyans sont montés au créneau, parfois vigoureusement. Certains ont moqué la crise économique et l’inflation du Zimbabwe. D’autres ont réalisé des photomontages mettant en scène la chute de Robert Mugabe survenue en public en février 2015.

Rodrigue Jamin

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