L’ADN au coeur de l’investigation dans l’affaire DSK

Les enquêteurs de la « special victims squad » de Manhattan disposent de multiples prélèvements d’ADN. Qu’ils s’efforcent de faire parler… L’ADN est au centre de l’affaire DSK.

Dominique Strauss-Kahn doit faire face à 7 chefs d’inculpation, allant de la séquestration à la tentative de viol, en passant par l’agression sexuelle, envers une femme de chambre de chambre d’un hôtel Sofitel de New York. En l’absence de témoins extérieurs, les expertises de police technique et scientifique pèseront de tout leur poids pour donner du crédit à la version de la plaignante ou à celle du suspect qui proteste de son innocence. Malgré la personnalité de Dominique Strauss-Kahn, ex patron du FMI et longtemps favori des sondages en vue de l’élection présidentielle de 2012 en France, les méthodes utilisées par la police de New York sont en tous points similaires à celles mises en oeuvres dans des dossiers beaucoup moins médiatique.

La police – ici la « special victims squad » de Manhattan – commence par « geler » la scène de crime présumée, en l’occurrence la fameuse suite 2806 de l’hôtel Sofitel.

Après en avoir interdit l’accès, les enquêteurs cherchent des traces de liquide biologique, notamment du sperme, sur la moquette et sur le peignoir mis à la disposition du client. Ils sont protégés par des blouses et des masques afin d’éviter toute contamination accidentelle.

L’utilisation de l’ADN dans une enquête repose sur le principe de l' »échange »: toute personne évoluant dans une pièce close ou entrant en contact avec un autre individu y laisse sa  » marque biologique « . Selon les circonstances, il peut s’agir de sueur, de salive, de cheveux, de sang, de liquide séminal…

Parallèlement, les enquêteurs procèdent à des prélèvements sur la victime et sur le suspect présumés. Dans l’affaire DSK, ils auraient notamment effectué un curetage des ongles des deux protagonistes. La femme de chambre a en effet indiqué aux policiers avoir été violemment agressée par Dominique Strauss-Kahn et l’avoir fermement repoussé. Dans ce corps à corps, des griffures ont pu survenir, arrachant quelques fragments de peau. Lors de sa garde à vue, le 15 mai, Dominique Strauss-Kahn a accepté cet examen. De plus, la police de New York a obtenu un mandat de la justice pour examiner ses vêtements.

Déterminer le profil génétique
Les techniques de détection de l’ADN, présent dans presque toutes les cellules du corps humain, ont considérablement progressé ces dernières années: des traces infimes permettent d’isoler des signatures biologiques.

En France, la justice privilégie l’ADN nucléaire hérité pour moitié du père et pour moitié de la mère, plus fiable que l’ADN mitochondrial, identique pour toute la lignée maternelle.

Pour déterminer le profil génétique d’une personne, les enquêteurs disposent d’un petit kit. Un simple prélèvement de salive sur un écouvillon suffit. Placé sous scellés, celui-ci est adressé à un laboratoire qui extrait une signature génétique, sous forme de pics et de chiffres consultables par ordinateur, dans un délai incompressible de plusieurs heures.

Ce code génétique propre à chaque individu (à l’exception des vrais jumeaux qui, eux, partagent le même ADN) peut ensuite être comparé aux indices génétiques retrouvés sur une scène d’infraction. Cette comparaison se fait de manière informatisée. En France, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), créé en 1998, comprend plus de 1 600 000 profils de personnes condamnées et/ou mises en cause dans des procédures judiciaires.

L’ADN d’un individu retrouvé sur les lieux d’un crime matérialise une présence. Isolé sur une personne, vivante ou décédée, il détermine la réalité d’une rencontre. Mais il reste aux enquêteurs à déterminer la raison de cette présence ou la nature de cette rencontre. Ce sera tout l’enjeu de l’affaire DSK.

LeVif.be, avec Eric Pelletier de Lexpress.fr

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