Depuis le 1er janvier 2015, 50 000 personnes auraient quitté le Kosovo. © Reuters

Kosovo : un exode massif, sept ans après l’indépendance

Stagiaire Le Vif

Indépendant depuis le 17 février 2008, le Kosovo fait aujourd’hui face à une vague d’émigration sans précédent, provoquée notamment par des conditions de vie très rudes.

Ces deux derniers mois, 50 000 personnes auraient quitté le territoire, soit 3 % de la population. Depuis le mois d’août 2014, on estime à plus de 100 000 le nombre d’Albanais du Kosovo ayant fui vers l’ouest, principalement vers l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie, qui a enregistré 13 000 demandes d’asile en janvier et intercepte quotidiennement entre 667 et 1.696 migrants.

Dans les médias kosovars, certains experts parlent de la « plus grande fuite de la population civile depuis le printemps 1999, lors de la campagne aérienne de bombardements de l’OTAN sur la Serbie » et d’un véritable « tremblement de terre aux conséquences terribles. »

Extrême pauvreté

Cet exode massif s’avère sensiblement lié aux conditions de vie difficiles au Kosovo, dont le PIB est deux fois moins élevé que celui de la Bulgarie, pays le plus pauvre de l’UE, et neuf fois moins que la moyenne européenne.

Selon l’association Mère Teresa, près de la moitié des Kosovars vivent avec moins de 1,40 euro par jour, dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas les 290 euros. Le taux de chômage y est impressionnant : 60 % de la population et 80 % des jeunes sont sans emplois.

Par ailleurs, d’après des dirigeants serbes, l’élargissement de l’accord sur la liberté de circulation entre Belgrade et Pri¨tina, signé en septembre 2014, a facilité les déplacements des Kosovars en Serbie, contribuant dès lors à l’augmentation du nombre de migrants.

Pour Belgzim Kamberi, membre de l’Assemblée nationale, ce nouvel exode est également le résultat « de la politique mise en oeuvre au Kosovo depuis la fin de la guerre par l’Union européenne, les États-Unis et leurs partenaires locaux. Le chômage et les inégalités sociales n’ont fait que se renforcer, à l’image du clientélisme, de la corruption et du crime organisé au sein des institutions du nouvel État. »

« Le peuple a perdu tout espoir et a faim. Nous partons chercher une vie meilleure ailleurs », explique, au micro de France 24, un clandestin.

Retour précipité?

Toutefois, les habitants de la République du Kosovo ayant encore besoin d’un visa pour se rendre officiellement dans l’Union Européenne, la plupart des « fuyards » se retrouvent en situation illégale une fois la frontière franchie. Faute de trouver l’asile dans un pays membre, ils seront donc contraints de regagner leurs terres, souvent démunis de tout bien, vendus pour se payer un voyage qui se négocie à quelques centaines d’euros.

Afin d’enrayer le phénomène, qu’il considère comme « un lourd fardeau », le gouvernement du Premier ministre Isa Mustafa compte adopter prochainement une série de mesures censées rehausser le niveau de vie. Ainsi, plus de 40 millions d’euros ont déjà été débloqués pour créer de nouveaux emplois. Il est également question d’annuler les intérêts sur les prêts consentis aux citoyens et aux entreprises après 2008 ou de descendre dans la rue pour discuter directement du problème avec le peuple. (A.V.)

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