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Kiev accuse les rebelles de menacer le processus de paix

Le Vif

Kiev a accusé dimanche les rebelles prorusses de menacer le processus de paix en violant le cessez-le-feu dans l’est alors que le fief séparatiste de Donetsk était le théâtre d’intenses échanges de tirs.

Ces accusations, après un cessez-le-feu scellé entre Kiev et les rebelles le 5 septembre pour mettre fin à cinq mois de combats qui ont fait plus de 2.700 morts, interviennent au lendemain d’une passe d’armes entre Kiev et Moscou sur les intentions réelles de chaque camp. « Les actes des terroristes menacent la réalisation du plan de paix du président ukrainien Petro Porochenko », a déclaré le porte-parole militaire ukrainien, Volodymyr Poliovy, précisant que les rebelles attaquaient des check-points de l’armée.

Le porte-parole a également étayé ses accusations en citant les déclarations d’un leader rebelle, Boris Litvinov, qui a assuré dimanche, selon l’agence russe Interfax, que les deux représentants des insurgés ayant signé l’accord sur la trêve n’agissaient qu’en qualité d' »observateurs » et non de participants directs au processus.

Dimanche, un violent duel d’artillerie lourde, allant jusqu’à une vingtaine de tirs par minute, avait lieu du côté de l’aéroport de Donetsk, lieu stratégique sous contrôle des forces armées ukrainiennes. Une énorme fumée noire montait de l’aéroport. Tandis que les rebelles tiraient depuis des zones d’habitation, les forces armées ukrainiennes ripostaient depuis l’aéroport, a constaté l’AFP.

Alors que M. Porochenko s’est félicité cette semaine d’un « changement radical » de la situation depuis le 5 septembre, la population de plusieurs localités près de Donetsk, comme à Makiivka, vivait toujours au rythme des bombardements, des dégâts à réparer et des nuits passées dans les caves.

La trêve est considérée avec méfiance par les Occidentaux qui la jugent insuffisante pour garantir une paix durable. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a ainsi réclamé une solution politique « basée sur le principe de la souveraineté de l’Ukraine ».

Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de jouer un rôle actif au sein de la rébellion séparatiste par l’envoi d’armes et de soldats de ses troupes régulières — preuves satellitaires de l’Otan à l’appui — ce que ne cesse de démentir le Kremlin.

Après les nouvelles sanctions visant l’économie russe au bord de la récession, appliquées de concert vendredi par l’Union européenne et les Etats-Unis, Moscou et Kiev se sont livrés samedi à une guerre de mots — désormais coutumière.

A quelques jours d’une visite de Petro Porochenko à Washington, la Russie a accusé les Etats-Unis d’attiser le conflit dans l’Est pour des motifs purement stratégiques tandis que Kiev a dénoncé une tentative russe d' »éliminer l’Ukraine ».

« Washington a prouvé à plusieurs reprises que son objectif était d’aggraver le plus possible cette crise afin d’utiliser l’Ukraine comme monnaie d’échange dans sa nouvelle tentative d’isoler et d’affaiblir la Russie », a lancé M. Lavrov, en soulignant que les « radicaux » dans les structures du pouvoir ukrainien, opposé au dialogue avec les régions rebelles, avaient « une carte blanche » des Etats-Unis.

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a, lui, assuré que le « but final de Vladimir Poutine est non seulement les régions de Donetsk et de Lougansk, il veut prendre l’Ukraine entière ». Le premier pas serait la création d’un « couloir » reliant la frontière russe à la Crimée, péninsule annexée par la Russie en mars.

« Il ne peut pas accepter l’idée que l’Ukraine fasse partie de la famille européenne, il veut restaurer l’Union soviétique », a ajouté M. Iatseniouk, alors que le parlement ukrainien s’apprête à ratifier mardi l’accord historique d’association avec l’Union européenne.

Cette ratification, qui concrétise l’éloignement de l’ancienne république soviétique du giron russe, est pour certains gâchée par le report à fin 2015 de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec l’UE, le temps pour les Européens de poursuivre les discussions avec Moscou sur cet accord auquel la Russie est fortement opposée.

Sur le plan humanitaire, un convoi russe contenant 2.000 tonnes d’aide est arrivé samedi dans le bastion rebelle de Lougansk et selon le porte-parole militaire ukrainien, ce convoi de 216 véhicules a quitté l’Ukraine samedi soir.

(Belga)

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