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Khmers rouges : la peine de Douch jugée insuffisante par le parquet

Le parquet estime que la peine infligée à l’ex-chef de la prison de Phnom Penh n’est pas à la hauteur de la gravité de ses crimes. Douch n’a écopé que de 30 ans de prison alors qu’il était passible de perpétuité.

Le tribunal parrainé par les Nations unies a annoncé ce lundi que le parquet faisait appel de la condamnation à 30 ans de prison prononcée en juillet contre « Douch », l’ex-chef de la prison de Phnom Penh sous le régime des Khmers rouges.

Kaing Guek Eav, de son vrai nom, a été condamné fin juillet à 30 ans de prison pour crimes contre l’humanité. C’est la première fois que cette instance spéciale de l’ONU aboutissait à un verdict après avoir été créée en 2003 et avoir débuté ses activités en 2006. Le tribunal avait d’abord annoncé que Douch était condamné à 35 ans de prison avant de réduire la peine à 30 ans en raison d’une période de détention illégale, à l’époque où le tribunal à participation internationale n’avait pas encore été mis en place.

Cette peine est inférieure aux réquisitions du procureur, qui avait réclamé en novembre 2009 quarante ans de prison à l’encontre de Douch, 67 ans. Le parquet estime que la sentence « donne un poids insuffisant à la gravité des crimes de Douch et à son rôle et à sa participation de plein gré à ces crimes », a indiqué le tribunal dans un communiqué. Le parquet juge également qu’une « importance démesurée est donnée aux circonstances atténuantes applicables à Douch », selon le communiqué.

« Douch » était jugé pour avoir dirigé la prison de Tuol Sleng, aussi appelée S-21, un ancien collège de Phnom Penh, où 15 000 personnes ont été torturées et exécutées entre 1975 et 1979. Pendant les audiences des preuves incontestables de la responsabilité de Douch dans le massacre de milliers de personnes avaient été mises à jour. Il était totalement dévoué à l’utopie marxiste de Pol Pot, leader des Khmers rouges. Il est un des cinq derniers anciens chefs encore vivants du régime des Khmers rouges accusé d’avoir provoqué la mort de près de deux millions de Cambodgiens, morts sous la torture, de malnutrition ou d’épuisement.

« Je suis pétri de remords et suis profondément affecté par cette destruction d’une ampleur sidérante », avait-il déclaré durant son procès. « Je me suis retrouvé en train de servir une organisation criminelle qui détruisait son propre peuple d’une façon scandaleuse. J’étais un rouage dans une machine en marche ». Il n’était, selon lui, que le simple serviteur d’un régime qui le manipulait.

Au lendemain du verdict, le chef de la diplomatie cambodgienne, Hor Namhong, avait jugé, à titre personnel, inappropriée et trop clémente la condamnation à 30 ans de « Douch ». De même que certains avocats des parties civiles, interrogés par L’Express, qui la jugeait « trop légère ». Mais quelques jours plus tard, le Premier ministre cambodgien Hun Sen avait indiqué que le « gouvernement respectait la décision de la Cour, car la Cour est indépendante ».

Douch est le premier des cinq derniers ex-dirigeants de Khmers rouges à avoir été jugé. Les autres, dont Nuon Chea, le « frère numéro 2 », attendent encore leur procès, programmé pour 2011. Le « frère numéro 1 », Pol Pot est décédé en 1998.

Le Vif.be/ L’Express.be

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