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Kabila perd son éminence grise

Qui était vraiment Augustin Katumba Mwanke, l’homme de confiance du président congolais, décédé dans un accident d’avion ?

Joseph Kabila a perdu son plus puissant conseiller. Augustin Katumba Mwanke, 48 ans, est mort dans un accident d’avion survenu le 12 février près de Bukavu, au Sud-Kivu. Prêté par le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, le bi-réacteur Gulfstream 200, qui transportait une dizaine de passagers, dont plusieurs dignitaires du régime, s’est brisé dans un ravin. Les pilotes, décédés eux aussi dans le crash, semblent avoir surestimé la longueur de la courte piste de Kavumu, où ils se posaient pour la première fois. Les rescapés, parmi lesquels figure le conseiller diplomatique du chef de l’État, Antoine Ghonda, et le gouverneur du Sud Kivu, Marcellin Cishambo, ont été transportés à l’hôpital de Bukavu.

Surnommé « Dieu le père » par l’opposition, Katumba Mwanke était le « Mazarin » de Kabila. Considéré comme le leader du « clan des Katangais » au sein du pouvoir congolais, le député de Pweto – « triomphalement » réélu lors des récentes élections législatives – n’avait aucune fonction officielle au cabinet du président, mais prodiguait au « raïs » ses conseils, en particulier dans le domaine économique. Les noms pour les postes clés, c’est lui qui les fournissait au chef de l’État. Les liens étroits du régime avec les opérateurs du secteur minier, c’est ce bosseur qui les a tissés, dans la plus grande discrétion. Les contrats passés avec la Chine, l’Afrique du Sud ou le Brésil, c’est lui qui en fut l’une des âmes, d’où des rumeurs sur des contrats opaques et des commissions occultes dont il aurait été l’un des grands bénéficiaires.

Selon les câbles diplomatiques révélés par Wikileaks, l’administration américaine reprochait à Kabila de subir le diktat de Katumba Mwanke. Dans une note du 8 mai 2009 attribuée par Wikileaks à l’ambassadeur William J. Garvelink, le Katangais est décrit comme « un conseiller de l’ombre qui est parvenu à isoler Kabila, au point qu’il nomme des personnes qui lui sont fidèles à lui et non pas au président. » Les Américains se sont étonnés de constater que l’éminence grise était devenue « l’unique point d’accès au chef de l’État, alors qu’il n’exerce aucune fonction officielle. »

Olivier Rogeau

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