Julian Assange en 2011. © Reuters

Julian Assange, « cyber-warrior » reclus volontaire

Le Vif

WikiLeaks a dix ans, un anniversaire que son fondateur Julian Assange vivra depuis sa prison dorée de l’ambassade d’Equateur à Londres, où il se morfond depuis plus de quatre ans pour échapper à une extradition vers la Suède.

Défenseur héroïque des libertés pour ses fans, égocentrique en mal d’attention pour ses détracteurs, Julian Assange, 45 ans, a atteint une renommée mondiale en 2010 en publiant sur internet les « War Logs », documents classés secret-défense dévoilant des abus commis par l’armée américaine en Afghanistan et en Irak.

Dans la foulée, il a aussi déclenché le « cablegate » en publiant des dizaines de milliers de télégrammes diplomatiques confidentiels des missions américaines à l’étranger.

Mais cette même année, la vie de l’Australien blond à l’enfance nomade bascule lorsqu’il est accusé -à tort, affirme-t-il- de viol et d’agressions sexuelles en Suède.

Visé par un mandat d’arrêt européen, le « cyber-warrior » est rapidement arrêté et assigné à résidence en Grande-Bretagne.

Après avoir épuisé tous ses recours, l’ancien hacker finit par pousser le 19 juin 2012 la porte de l’ambassade d’Équateur à Londres, pour y demander l’asile politique, craignant, s’il était extradé vers la Suède, que Stockholm ne l’extrade à son tour vers les Etats-Unis pour répondre de la divulgation de documents secrets.

Plus de quatre ans plus tard, il vit toujours reclus dans cet immeuble en brique rouge du quartier huppé de Knightsbridge, coupé du monde et de la lumière comme sur une station spatiale, a-t-il décrit.

Il y retrouve des réflexes de la clandestinité qu’il a connu après le lancement de WikiLeaks, lorsqu’il changeait constamment les puces de son téléphone pour effacer les traces et évitait de dormir deux nuits de suite dans le même lit.

Mais c’est aussi l’une des premières fois de sa vie qu’il reste aussi longtemps au même endroit, lui qui fut baladé de gauche à droite dès sa plus tendre enfance, au gré des amours de sa mère.

« L’homme le plus dangereux du monde »

Né le 3 juillet 1971 dans le Queensland australien, il vivra jusqu’à 15 ans dans plus de trente villes australiennes différentes, fréquentant 37 écoles avant de se poser à Melbourne.

Doué, il étudie les mathématiques, la physique et l’informatique, mais sans obtenir de diplôme. Déjà, il est happé par la communauté des hackers, où son esprit brillant séduit, et commence à pirater les sites de la Nasa ou du Pentagone en utilisant le pseudonyme de « Mendax ».

Lorsqu’il accède à la notoriété avec WikiLeaks, il est célébré comme un génie informatique et un messie libertaire. « L’homme le plus dangereux du monde », titre un biographe à propos de celui qui veut « libérer la presse » et « démasquer les secrets et abus d’État ».

Mais rapidement, les critiques émergent aussi. En provenance des autorités bien sûr qui l’accusent de mettre des vies en danger. Mais aussi d’anciens amis et collaborateurs qui décrivent un personnage égocentrique, obsessionnel et paranoïaque.

Dès 2010, le porte-parole de l’organisation, l’Allemand Daniel Domscheit-Berg, prend ses distances et son livre critique nourrira plusieurs films. Chargé de rédiger l’autobiographie d’Assange, Andrew O’Hagan finit lui aussi par jeter l’éponge avec ce verdict définitif: « l’homme qui se targue de dévoiler les secrets de ce monde ne supporte par les siens. »

Depuis, l’étoile d’Assange n’a cessé de pâlir. Disant constamment être victime de « persécutions », il a brouillé son image de cyber-guerrier de l’information et perdu de nombreux soutiens.

La plupart des grands médias qui l’ont soutenu en diffusant ses scoops ont pris leurs distances. Il a changé plusieurs fois d’avocats. S’est fâché avec son éditeur.

Un noyau dur lui est resté fidèle, dont la créatrice de mode Vivienne Westwood, et continue à relayer son combat avec WikiLeaks, notamment lorsqu’il s’agit d’apporter son soutien à Edward Snowden, l’un des « successeurs » de l’Australien.

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