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Jour de grève dans plusieurs secteurs en France, des incidents avec les taxis

Le Vif

Chauffeurs de taxis, contrôleurs aériens, enseignants et autres fonctionnaires en grève: la France a été touchée mardi par une série de mouvements sociaux aux revendications disparates, qui ont légèrement perturbé les transports, surtout aériens.

Des manifestations de taxis, mobilisés contre la concurrence des voitures de transport avec chauffeur (VTC), ont créé des tensions en région parisienne. Vingt-quatre personnes ont été interpellées, tandis qu’un manifestant a été blessé, renversé par un minibus qui a forcé le passage à l’aéroport d’Orly (sud de Paris).

Dans la capitale, environ 2.100 taxis, selon la police, ont organisé des barrages filtrants ou des opérations escargot, notamment près des aéroports d’Orly et de Roissy (nord). La circulation a été interrompue par intermittence sur le périphérique en raison de pneus enflammés.

Dans les grandes villes, comme à Toulouse (sud-ouest), Marseille, Aix-en-Provence (sud) et Lille (nord), le mouvement a aussi entraîné des perturbations, notamment autour des aéroports et des gares.

« Aujourd’hui, c’est notre survie qui est en jeu, on en a marre des réunions, de négocier », a lancé l’un des manifestants Ibrahima Sylla, porte-parole de l’association Taxis de France.

La profession réclame une compensation de la réduction de son activité face à la concurrence de certains VTC qui ne respectent pas la loi et cassent les prix, selon elle.

« Avant, j’avais 10 ou 12 courses par jour, aujourd’hui je n’en ai que cinq ou six », a affirmé à l’AFP Rahim Edalat, taxi parisien depuis 20 ans. C’est « la pire année que j’ai jamais vue ».

Tout en condamnant des violences « inadmissibles », le Premier ministre Manuel Valls a reçu les représentants des taxis et proposé la nomination d’un médiateur et l’amplification des contrôles pour « garantir les conditions d’une concurrence loyale » entre taxis et VTC.

Un précédent mouvement, en juin 2015, avait aussi été émaillé de violences. A l’époque, les taxis s’élevaient contre UberPop, service à bas prix du géant américain du VTC Uber.

UberPop a été interdit depuis mais le secteur n’est pas pour autant apaisé, touché à Paris par une baisse d’activité de 20 à 30%, selon des professionnels.

« Austérité ça suffit »

Les transports ont également été perturbés par une grève des contrôleurs aériens, qui a entraîné la suppression de 20% des vols dans les aéroports parisiens. Les conducteurs de train ou de métro n’ont en revanche pas fait grève.

Indépendamment du mouvement des taxis, plusieurs syndicats avaient appelé les quelque 5,6 millions de fonctionnaires français, soumis à un régime de rigueur depuis juillet 2010, à se mobiliser mardi pour leur pouvoir d’achat.

Selon le gouvernement, le mouvement de grève a concerné moins de 10% des fonctionnaires. Mais le syndicat contestataire CGT a évoqué 30% de grévistes, affirmant qu’il s’agissait de « la plus forte mobilisation de la fonction publique » depuis l’élection du président socialiste François Hollande en 2012.

A Paris, 6.000 manifestants selon la police, 15.000 selon les syndicats, ont défilé derrière des banderoles proclamant: « Austérité ça suffit » et « Augmenter les salaires, pas les actionnaires ». Ils étaient plusieurs milliers dans les principales villes de France à scander « public, privé, même combat ».

Dans les cortèges figuraient aussi des enseignants, mobilisés contre une réforme des collèges (élèves de 11 à 15 ans environ), mais aussi pour leur pouvoir d’achat. Le ministère de l’Education nationale a fait état d’un taux de grévistes de 22,32% au collège et 12,24% dans le primaire.

Outre la baisse du pouvoir d’achat, les syndicats de fonctionnaires dénoncent « la perte d’emplois dans des secteurs-clés de la fonction publique ».

Ils font valoir que si des recrutements ont été annoncés pour 2016 dans les secteurs de la sécurité (police, gendarmerie, justice), depuis les attentats de 2015, et dans l’éducation, « la fonction publique a perdu globalement 150.000 postes depuis 2007 ». Ils réclament « des créations nettes d’emplois publics » notamment dans les hôpitaux.

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