John McCain © Reuters

John McCain, trouble-fête de l’entente Trump-Poutine

Le Vif

A 80 ans, le sénateur républicain de l’Arizona John McCain est une épine dans le pied de Donald Trump avant même sa prestation de serment. A contre-courant du nouveau pouvoir, il traite Vladimir Poutine d’assassin et veut de nouvelles sanctions contre la Russie.

C’est moins avec Donald Trump qu’avec le président russe que le sénateur veut en découdre car, concernant le successeur de Barack Obama, il a appris à tenir sa langue.

Pendant la campagne électorale, M. McCain a été attaqué par une partie de ses électeurs républicains pour avoir refusé de soutenir formellement le milliardaire. Il est quand même parvenu à être réélu sénateur en novembre pour un mandat de six ans, mais non sans avoir pris de bonnes résolutions.

« Ne me demandez rien sur Donald Trump, je ne veux pas être impoli, mais je ne veux plus qu’on me pose de questions sur Donald Trump », a-t-il lancé, sans appel, un jour de novembre à des journalistes à l’extérieur de l’hémicycle du Sénat. « C’est mon droit de sénateur ».

L’ancien candidat à la présidentielle de 2008 préfère poursuivre sa croisade contre un ennemi avec lequel il croise le fer sans retenue depuis des années, Vladimir Poutine.

Il se rend fréquemment en Ukraine, où il était allé soutenir les manifestants de l’opposition sur la place Maidan en 2013.

Et quand les Etats-Unis ont sanctionné la Russie pour son intervention en Crimée, Moscou a répliqué en publiant sa propre liste de responsables américains sanctionnés… dont John McCain.

« J’imagine que cela veut dire que mes vacances de printemps en Sibérie sont annulées, que j’ai perdu mes actions Gazprom, et que mon compte en banque secret à Moscou est gelé », avait alors ironisé le sénateur.

Aujourd’hui, quand on l’interroge sur le président Poutine, il le qualifie de « voyou » et d' »assassin ». « Je ne vois pas comment on peut être ami avec cet ancien agent du KGB », dit-il.

Elu en 1982 à la Chambre des représentants et depuis 1986 au Sénat, John McCain reste l’une des stars inamovibles du Congrès. Son ancienneté et son parcours imposent le respect à ses collègues, qui n’approuvent pas toujours sa fibre indépendante mais ne peuvent pas le faire taire.

En 2013, il s’était opposé aux nombreux isolationnistes de son parti et allié au président Barack Obama dans l’espoir de déclencher des frappes militaires contre le régime syrien de Bachar al-Assad.

Et, comme il se l’était remémoré à l’époque dans une interview à l’AFP, il s’était aussi opposé à l’envoi de troupes au Liban par le président Ronald Reagan dans les années 1980.

« L’idée que j’étais un non-conformiste, que je suis devenu un vieil homme aigri, et que je suis redevenu un non-conformiste, c’est des conneries. Je suis le même type, je me bats avec passion, et j’essaie de faire ce qui est bien », expliquait-il alors.

Depuis l’élection présidentielle de novembre et les révélations sur les cyberattaques russes contre le parti démocrate, il apparaît moins jovial et plus sombre, lui qui se plaisait à improviser d’interminables conférences de presse avec les reporters du Congrès dans les couloirs, bourrées de plaisanteries et de sarcasmes.

Il est toujours physiquement fringant, une boule de nervosité dans une institution parfois somnolente. Seule la raideur de ses bras rappelle les tortures que l’ancien pilote de chasse a subies pendant cinq ans de captivité au Vietnam.

A Washington, les républicains sont historiquement hostiles à Moscou et les chefs du parti se sont félicités des sanctions décrétées en décembre par Barack Obama.

Mais John McCain veut aller plus loin. Président de la commission de la Défense du Sénat, il a le pouvoir de lancer une enquête parlementaire sur la Russie et a convoqué une grande audition jeudi, diffusée en direct sur les chaînes d’information.

Avec son compère Lindsey Graham, sénateur de Caroline du Sud, il a aussi promis qu’il soutiendrait la semaine prochaine une proposition de loi visant à sanctionner davantage Moscou afin de faire payer un prix au président Poutine pour « une attaque sans précédent contre notre démocratie ».

Reste à savoir si les chefs républicains du Congrès choisiront d’intensifier la confrontation, au moment où Donald Trump professe la détente.

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