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JO de Londres 2012 : Et après ?

Les Jeux Olympiques qui viennent de prendre fin à Londres vont-ils plomber économiquement la capitale britannique ? Doit-on le craindre à l’instar des Jeux de Montréal et d’Athènes ou plutôt lorgner sur l’après Barcelone, il y a vingt ans, bien plus optimiste.

Il en va des Jeux olympiques comme des soirées trop arrosées: le bilan se mesure à la durée de la gueule de bois. À cette aune-là, les Jeux de Montréal (1976) constituent l’exemple à ne pas reproduire. Il a fallu trente ans aux Montréalais pour rembourser un déficit de plus d’un milliard d’euros. Aujourd’hui encore, le stade olympique et sa fameuse « tour penchée » sont maintenus en état grâce aux subventions publiques et à quelques événements ponctuels. En matière de JO, les bénéfices marketing à court terme n’empêchent pas les dettes à long terme…

Dès lors, pourquoi s’attache-t-on un tel boulet au pied? Sans doute parce qu’il n’y a pas plus belle « pub » que cet événement planétaire. Un exemple: la Chine. Après deux décennies de développement, le pays voulait marquer le monde par des Jeux grandioses, en 2008. Coût de l’opération: 44 milliards de dollars, dont 40 pour que la ville de Pékin fasse peau neuve. Du Athènes puissance quatre (lire ci-contre), avec l’énorme avantage, tout de même, de compter 1,3 milliard d’habitants, et non 11 millions, pour rembourser le tout.

« Les Jeux paieront les Jeux »

Les JO d’été sont souvent prétextes à rénovation urbaine. Londres a ainsi axé les siens sur la modernisation de ses quartiers est, en s’inspirant du modèle barcelonais (1992). À l’époque, la capitale catalane avait profité de l’événement pour redevenir une grande cité internationale. La réhabilitation de son front de mer a servi de modèle à Sydney (2000). Ces deux cas prouvent que des JO ne peuvent se juger à leur seul coût.

Londres est à mi-chemin entre Barcelone et Atlanta (États-Unis). « Les Jeux paieront les Jeux » avaient promis les Américains pour 1996. Par sa structure même, leur stade portait déjà en lui l’évolution vers l’enceinte de baseball qu’occupent aujourd’hui les Atlanta Braves. Son cousin londonien deviendra, lui, le domicile d’un club de football (Tottenham ou West Ham). Au-delà, Londres prévoit une réhabilitation pour tous ses sites.

Dans ces conditions, la Grande-Bretagne évitera-t-elle la gueule de bois? Le budget annoncé au moment de l’attribution (3,4 milliards d’euros) est passé à 11 milliards. De quoi consoler Paris, qui n’aurait pas échappé à un tel surcoût, douloureux en période de crise. Encore faut-il ajouter les 6 milliards d’euros de remise à niveau des transports de la capitale britannique. Une enquête diffuséesur la chaîne Sky Sports la chiffre même à 30 milliards! Les Jeux en valent-ils la chandelle? S’ils étaient rentables à coup sûr, Rome n’aurait pas renoncé à sa candidature pour 2020 (1).

(1) Le nom de la ville organisatrice sera dévoilé le 7 septembre 2013. Il reste trois candidats: Istanbul, Tokyo et Madrid.

Le Vif.be avec L’Express

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