Mosquée Al-Asqa, vieille ville de Jérusalem. © REUTERS

Jérusalem, un casse-tête diplomatique et légal

Le Vif

La visite lundi du président américain à Jérusalem et au mur des Lamentations remet en lumière le statut disputé de la Ville sainte, l’une des questions les plus épineuses d’un éventuel règlement du conflit israélo-palestinien.

M. Trump devait devenir lundi le premier président américain en exercice à se rendre au mur des Lamentations, lieu de prière le plus sacré pour les juifs.

La préparation de sa visite a donné lieu à une controverse américano-israélienne inattendue.

La politique historique des Etats-Unis est de ne pas se prononcer sur la souveraineté de Jérusalem, censée s’inscrire dans un règlement final du conflit.

L’administration américaine a signifié que M. Trump se rendrait au mur sans être accompagné de responsable politique israélien. Le contraire risquerait d’être interprété comme une reconnaissance de souveraineté. La droite israélienne contient son dépit comme elle peut tant l’attachement à Jérusalem « réunifiée » et au mur des Lamentations est profond.

Pourquoi le statut est-il controversé?

Le plan de partage de la Palestine, approuvé par l’ONU en 1947, prévoyait la partition de la Palestine, alors sous mandat britannique, en trois entités: un État juif, un État arabe, Jérusalem étant placé sous contrôle international. Ce plan a été accepté par les dirigeants sionistes mais rejeté par les leaders arabes.

Suite au départ des Britanniques et à la première guerre israélo-arabe, l’Etat d’Israël est créé en 1948, et fait de Jérusalem-ouest sa capitale en 1949, la partie orientale de la ville restant sous contrôle de la Jordanie.

Après la conquête de Jérusalem-Est en 1967 lors de la guerre des Six Jours, Israël déclare que Jérusalem désormais « réunifiée » est sa capitale. Une loi fondamentale adoptée en 1980 entérine le statut de Jérusalem comme capitale « éternelle et indivisible ».

L’annexion de Jérusalem-Est n’est pas reconnue par la communauté internationale qui considère Jérusalem-Est comme occupée.

Pourquoi Jérusalem est-elle capitale pour Israël?

Les juifs considèrent Jérusalem, ancienne capitale du royaume d’Israël du roi David (Xe siècle avant JC), comme leur capitale historique depuis plus de 3.000 ans pour des raisons religieuses et politiques. Depuis la destruction du deuxième temple juif par les Romains et les dispersions du peuple juif, le judaïsme a toujours évoqué un retour à Jérusalem.

Et pour les Palestiniens?

Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. Ils représentent environ un tiers de la population, mais demeurent majoritaires à Jérusalem-Est, malgré l’annexion et la colonisation. La ville a également pour eux un statut religieux essentiel: l’esplanade des Mosquées est le troisième lieu saint pour les musulmans.

Quid des ambassades?

Avant l’annexion de 1980 et les résolutions de l’ONU la condamnant, 13 pays avaient une ambassade à Jérusalem. Ils l’ont déplacée à Tel-Aviv, où sont représentés les autres Etats.

M. Trump a fait les délices de la droite israélienne en promettant pendant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.

Il temporise à présent après avoir été mis en garde contre les risques de violence qui suivraient un tel transfert. Il est appelé à décider d’ici à début juin s’il renie sa promesse et si, pour la première fois, il bloque le déménagement approuvé en 1995 par le Congrès, comme l’ont fait ses prédécesseurs systématiquement tous les six mois.

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