Jens Stoltenberg © Belga

Jens Stoltenberg: « L’OTAN ne veut pas provoquer la Russie »

Le Vif

Le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg se dit assez serein: « Donald Trump aussi a tout intérêt à ce que l’OTAN fonctionne bien. »

Le mois dernier, vous avez rencontré Donald Trump, le premier président américain à douter de l’utilité de l’OTAN.

Jens Stoltenberg: L’Europe a besoin de l’OTAN pour survivre, pour notre sécurité nous dépendons des États-Unis. Mais les États-Unis aussi ont tout intérêt à ce que l’OTAN fonctionne bien. Jusqu’à présent le fameux article 5 (l’article crucial qui stipule que celui qui attaque un état membre les attaque tous, NLDR) a été invoqué une fois et c’était après les attentats du 11 septembre. Grâce à l’OTAN, les États-Unis sont soutenus par de nombreux pays. Aucune autre grande puissance ne possède ce luxe.

Les États-Unis se sont rétractés unilatéralement de l’accord atomique avec l’Iran sans tenir compte de leurs alliés.

L’OTAN a applaudi l’accord atomique parce qu’il a empêché l’Iran de s’emparer d’armes atomiques. Tous les états membres estiment que c’est un objectif important. En outre, nous voulons faire en sorte que l’Iran ne soutienne pas les groupements terroristes. Nous différons avec les Américains uniquement sur la question de savoir si l’accord atomique est la meilleure façon d’atteindre ce but.

Israël se sent menacé par l’Iran. L’OTAN aidera-t-elle Israël si ce pays est attaqué ?

Israël est notre partenaire, mais n’est pas membre de l’OTAN, donc dans le cas présent l’article 5 ne s’applique pas. L’OTAN n’était et n’est pas impliquée dans le processus de paix au Moyen-Orient, ce n’est pas notre tâche.

Trump émet de lourdes critiques parce que les autres états membres de l’OTAN ne contribuent pas suffisamment. Ses critiques sont-elles justifiées ?

Nous avons déjà convenu en 2014 de dépenser 2% du PIB en Défense, et Barack Obama était encore président. Nous avons tout intérêt à dépenser davantage en Défense, car nous sommes confrontés à de nouveaux défis. La Russie est devenue plus agressive et au Moyen-Orient, nous avons eu l’EI.

Suite aux problèmes budgétaires, de nombreux pays de l’UE ont décidé de coopérer davantage. Assiste-t-on à la création d’une mini OTAN ?

Non, il y a des décennies que l’OTAN demande à l’Europe de contribuer davantage à la Défense. Nous sommes contents que ce soit enfin le cas. Mais nous ne nous faisons pas d’illusions : après le Brexit, les pays qui ne sont pas membres de l’UE se chargeront de 80% des dépenses de défense au sein de l’OTAN.

Comment l’OTAN doit-elle gérer l’agressivité croissante de la Russie ?

Nous ne voulons pas de nouvelle course aux armements ou de Guerre froide avec la Russie. Au contraire, nous souhaitons une bonne intelligence avec notre voisin. C’est pourquoi nous nous sommes revus pour la première fois depuis des mois dans le conseil OTAN-Russie. Nous avons parlé de l’Ukraine et d’une série de manoeuvres militaires planifiées.

Récemment, une série de rapports secrets révélaient que l’OTAN est impuissante si la Russie devait envahir les états baltes.

Nous pouvons protéger tous nos membres, mais nous devons évidemment évoluer avec eux. C’est pourquoi nous avons développé la Response Force de l’OTAN. Le but n’est pas de provoquer la Russie, mais de créer un moyen d’intimidation crédible.

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