Jean-Marie Le Pen, menacé d’exclusion
Le chef historique de l’extrême droite française Jean-Marie Le Pen s’est expliqué jeudi devant des responsables de son parti, le Front national (FN), qui envisagent de l’exclure pour sanctionner ses provocations répétées à propos de la Shoah.
Après cinq mois de crise ouverte, le cofondateur du FN, 87 ans, avait été convoqué à une réunion disciplinaire par sa fille Marine, à qui il a cédé la présidence du parti en 2011.
Pendant trois heures, « j’ai donné toutes les explications à ceux qui n’avaient pas toujours bien compris ce qui se disait ou se rapportait », a-t-il déclaré à l’issue de la réunion, exprimant « le souhait que cet épisode un petit peu polémique soit une étape vers la réunification active du FN ». Le tribun a ajouté s’être exprimé devant des « compagnons de combat » et non des « juges ».
Ce ton conciliant tranche avec la combattivité affichée à son arrivée, quand il avait ironisé sur l’absence de sa fille. « Les chefs sont aux abris, il n’y a que les fantassins ici », avait-il lancé. « Il y a eu des moments assez vifs, bien sûr, mais sinon ça s’est passé correctement », a pour sa part commenté Bruno Gollnisch, un proche de Jean-Marie Le Pen, qui l’assistait face à ses pairs.
Le bureau exécutif du FN pourrait rendre sa décision dès jeudi soir sur une sanction contre le patriarche, menacé d’exclusion ou de suspension.
Depuis son arrivée à la tête du FN, Marine Le Pen, 47 ans, a pris ses distances avec l’héritage sulfureux légué par son père, condamné à plusieurs reprises pour propos antisémites et racistes. Elle a cependant conservé la ligne générale du parti, marquée par des positions nationalistes et anti-immigrés.
Cette stratégie de « dédiabolisation » vise à conforter ses ambitions en vue de l’élection présidentielle de 2017 en France, pour laquelle tous les sondages depuis près d’un an lui prédisent une qualification pour le second tour.