Yasukuni © REUTERS

Japon: visite de la ministre de la Défense au sanctuaire Yasukuni

La ministre japonaise de la Défense, Tomomi Inada, s’est rendue jeudi au sanctuaire Yasukuni de Tokyo, où sont notamment honorés des criminels de guerre, selon la chaîne de télévision publique NHK et d’autres médias.

Tout juste de retour de Pearl Harbor où le Premier ministre Shinzo Abe a fait l’éloge de la réconciliation au côté du président américain Barack Obama, Mme Inada a visité en début de matinée ce lieu de culte shintoïste, perçu en Asie comme le symbole du passé militariste nippon.

C’est la première fois que la très conservatrice avocate, habituée des visites au Yasukuni, s’y déplace depuis sa nomination à la Défense en août dernier. Le Yasukuni est honni par la Chine et la Corée du Sud en raison de l’enregistrement en catimini en 1978 des noms de 14 criminels de guerre condamnés par les Alliés à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Ces patronymes ont été ajoutés à ceux de 2,5 millions de soldats japonais tombés depuis la moitié du XIXe siècle.

Un autre ministre, Masahiro Imamura, chargé de la reconstruction du nord-est du Japon dévasté par le tsunami de 2011, avait visité le sanctuaire mercredi. Il avait alors assuré que sa démarche n’avait « rien à voir » avec le voyage hautement symbolique de Shinzo Abe à Hawaï.

Trois quarts de siècle après l’attaque de Pearl Harbor, les dirigeants japonais et américain ont rendu hommage mardi aux victimes de cette offensive qui précipita l’Amérique dans la Seconde Guerre mondiale. Ce geste avait été scruté par Pékin. « Si le Japon veut vraiment oeuvrer à la réconciliation sur les sujets historiques, M. Abe a choisi le mauvais endroit », avait commenté le journal nationaliste Global Times, affirmant qu’il ferait mieux de visiter Nankin, ancienne capitale de la République de Chine théâtre d’exactions des militaires nippons en décembre 1937.

Chaque pèlerinage de personnalité politique au Yasukuni ravive la colère des voisins, qui considèrent que le Japon ne s’est pas repenti suffisamment ni sincèrement pour les forfaits commis par ses soldats durant la Seconde Guerre mondiale. M. Abe, un nationaliste convaincu, s’était rendu au sanctuaire Yasukuni en décembre 2013, pour fêter le premier anniversaire de son retour au pouvoir, ce qui avait fâché non seulement Pékin et Séoul mais aussi fait réagir Washington. Il n’y est pas retourné depuis. (Belga)

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