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Japon nucléaire : les techniciens « perdent la course » à Fukushima

Les échantillons prélevés à 300 mètres de la centrale nucléaire japonaise révèlent un taux d’iode radioactif alarmant. Les conséquences sur l’environnement divisent les spécialistes.

Un taux d’iode radioactif 3355 fois supérieur à la norme légale a été mesuré dans l’eau de mer prélevée à 300 mètres au sud de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi (nord-est du Japon), a annoncé mercredi l’opérateur Tepco. C’est son plus haut niveau mesuré depuis le début de la catastrophe déclenchée le 11 mars par un très fort séisme suivi d’un tsunami. Dimanche avait été annoncé un taux d’iode radioactif 1850 fois supérieur à la norme légale dans l’eau prélevée à quelque centaines de mètres de Fukushima.

Depuis le début de l’accident, toujours en cours, la centrale japonaise a rejeté de nombreux produits radioactifs, principalement de l’iode et du césium, transportés par les milliers de tonnes d’eau qui ont été déversées par les secours pour refroidir les installations et dont une partie a nécessairement ruisselé dans le Pacifique tout proche après ce « lessivage ».

Selon Tepco et l’Agence de sûreté nucléaire nippone, cette radioactivité relâchée dans la mer se dilue avec les marées et le risque sur les algues et les animaux marins n’est pas important. Selon d’autres spécialistes, ces rejets radioactifs dans l’océan Pacifique seront sans conséquence majeure à l’échelle planétaire, mais ils pourraient avoir un impact notable, voire durable, sur la vie marine au large de la centrale japonaise.

Cercle vicieux du refroidissement

Les techniciens qui luttent depuis bientôt vingt jours pour éviter une catastrophe majeure à Fukushima sont entravés dans leurs opérations par des nappes d’eau fortement radioactive qui ont envahi des salles et des galeries techniques. Ils sont confrontés à un cercle vicieux: il est vital de refroidir les réacteurs, mais plus ils utilisent d’eau, plus les nappes radioactives augmentent. Et moins ils injectent d’eau, plus la température augmente dans les réacteurs.

Ils ont « perdu la course » pour sauver le réacteur n°2, explique un expert de General Electric au Guardian. D’après lui, il n’y aurait pas de danger d’une catastrophe du type Tchernobyl. Pourtant, le coeur du réacteur aurait fondu au point de traverser l’enceinte de confinement pour atteindre le béton qui se trouve dessous, selon le quotidien britannique.

Dépassé par les événements? Le gouvernement japonais a finalement ordonné ce mercredi un contrôle urgent de tous les réacteurs nucléaires du pays, qui en compte 50, tous en bord de mer.

La France et les Etats-Unis ont annoncé qu’ils allaient venir en aide au Japon. La France a dépêché d’ores et déjà au Japon deux experts – l’un du groupe nucléaire Areva et l’autre du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) – pour venir en aide à l’exploitant de la centrale, Tepco, vivement critiqué pour sa gestion de la crise. Le département américain de l’Energie envisage, lui, d’envoyer au Japon des robots, qui pourraient aller au plus près des coeurs des réacteurs et des piscines de combustible usé.

Levif.be avec L’Express.fr

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