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J’étais à l’enregistrement d' »On n’est pas couché », et tout est vrai

Paris. Derrière les jardins de l’Elysée, trois combis de CRS surveillent l’entrée du palais présidentiel ; les policiers se demandant bien pourquoi des badauds ne cessent de leur demander où se trouve l’entrée du « studio ». En total look « je défends la nation », l’un d’eux finit par craquer et interroge courageusement une petite dame qui, le regard consterné par tant d’ignorance, réplique, vertement : « Mais enfin, c’est l’émission de Ruquier ! »

A voir la longue file qui serpente tout au long de l’avenue Gabriel sous une pluie battante, plus de deux heures avant l’enregistrement, c’est peu dire que l’événement semble être important. Passés les contrôles de sécurité, vous y croisez un Yann Moix trempé et plutôt à la bourre, suivi par un Nicolas Bedos flamboyant dans son interprétation parfaite du retour de l’enfant prodige. Avec un air de  » je suis le plus beau du quartier « , l’ancien chroniqueur s’adresse aux deux hôtesses.  » Ça va les fiiiles ?  » Les fiiilles, minaudant du  » Nicolaaas « , se jettent dans ses bras. Côté public, il y en a pour tous les goûts : des grands, des petits, des jeunes, des quinquas, des sexas, même des couples qui fêtent leur 40 ans de mariage ; pour 90 % d’entre eux, c’est la première fois qu’ils assistent à l’émission  » de Laurent « .

A 20 heures tapantes arrive le chauffeur de salle. Après avoir déplacé, décalé et réinstallé quelques personnes, il taquine les plus timides, interroge les plus téméraires et se joue des plus enthousiastes.  » Bonjour à tous, ça va bien ?  » lance alors un Laurent Ruquier tout sourire en se plantant devant un public béat. Il énumère le nom des invités en espérant que  » tout le monde sera content « . Démarre enfin l’émission avec le premier invité, Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, et dont le discours passe trois kilomètres au-dessus de la tête d’une audience qui attendait, c’est clair, plutôt du people. Pendant ce temps, Nicolas Bedos et Doria Tillier sont en pleine lune de miel. Couple à la ville comme à la scène, ils viennent présenter leur premier bébé, Monsieur & Madame Adelman. Alors que Thierry Solère peine à défendre son candidat qui, fondamentalement, n’intéresse pas grand-monde, Nicolas et Doria sont tout à leur amour et ne cessent de multiplier les marques d’affection. Un peu comme à la maison, Nicolas commande de la bière, Doria retire ses chaussures et, à tour de rôle, chacun s’éclipse dans les coulisses. A chaque retour sur le plateau, Doria peine à ranger ses immenses jambes sous son tabouret.

Tout se passe gentiment quand arrive le tour de Philippe Poutou. Remonté comme un coucou, l’ouvrier de Ford bombardé candidat à la présidence pour le Nouveau Parti anticapitaliste passe les trente minutes qui lui sont offertes à reprocher à Ruquier de ne jamais l’inviter. Plutôt bienveillant au départ, l’animateur finit par capituler et, las de ne pas se faire comprendre par ses chroniqueurs qui continuent à charger les questions, en vient à frapper du poing sur la table, les implorant de se taire.

Il est 23 heures. On doit encore parler du cerveau avec Michel Cymes et de littérature avec Grégoire Delacourt. Encore une heure d’enregistrement. On n’est franchement pas couché. Or, ça devient un peu long, quand même.

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