Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen. © REUTERS

J-8: Macron soutenu par Hollande, Le Pen choisit un Premier ministre

Le Vif

Le candidat centriste à la présidentielle en France, Emmanuel Macron, a reçu samedi un soutien appuyé du président François Hollande, à huit jours du second tour face sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen, qui a déjà choisi un Premier ministre souverainiste.

Depuis Bruxelles, le président socialiste a de nouveau mis en garde contre « le risque majeur » de voir la candidate d’extrême droite accéder à la tête du pays et appelé les Français à « prendre un bulletin Macron » le dimanche 7 mai pour lui barrer la route.

L’écart se ressert entre les deux finalistes – Emmanuel Macron est crédité de 59% des intentions de vote contre 41% à son adversaire – et l’alliance scellée samedi entre la candidate du Front national et le chef d’un petit parti souverainiste pourrait renforcer la position de cette dernière.

Nicolas Dupont-Aignan, qui avait obtenu 4,7% des voix au Premier tour du scrutin, sera nommé Premier ministre en cas de victoire, a annoncé Marine Le Pen.

Celle qui mène depuis des années une stratégie de normalisation de son parti fondé en 1972 a justifié ce choix au nom du « patriotisme » et du « projet commun » défendus par le chef de ce parti anti-européen baptisé « Debout la France ».

C’est la première fois que le Front national (FN), aux idées anti-immigration et anti-Europe, obtient le soutien d’un candidat issu d’un parti se réclamant du général Charles de Gaulle, président de 1959 à 1969. Ce qui a valu à M. Dupont-Aignan des accusations de « trahison » et « d’imposture ».

Sa décision a entraîné la démission de plusieurs responsables de « Debout la France » et la colère d’habitants de la ville dont il est le maire, en région parisienne, qui ont manifesté au cri de « Dupont démission ».

Dans les rangs de la droite, le secrétaire général du parti Les Républicains, Bernard Accoyer, a estimé que le souverainiste a « perdu son honneur » en rejoignant « ceux qui ont toujours combattu le gaullisme ».

En visite dans une ferme du centre de la France, M. Macron a lui dénoncé une « combine », destinée selon lui « à régler les problèmes de crédibilité de Marine Le Pen ».

‘Courte échelle’

Dans le même temps, Marine Le Pen a tendu la main aux électeurs du tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, en les appelant à « faire barrage » à Emmanuel Macron. « Mettons les querelles et les divergences de côté », a-t-elle exhorté.

M. Mélenchon, qui a obtenu plus de 19% des voix au premier tour, s’est refusé à donner une consigne de vote à ses partisans tout en affirmant qu’il ne voterait pas pour le Front national le 7 mai.

La presse française n’était pas tendre samedi avec Jean-Luc Mélenchon, chef du parti la « France insoumise », accusé avec cette stratégie de « faire la courte échelle » à l’extrême droite.

Dans ce contexte tendu, les appels à voter pour Emmanuel Macron se font plus pressants au sein des partis traditionnels de droite et de gauche, exclus de l’affiche du second tour pour la première fois en un demi-siècle de vie électorale française. Le centriste a reçu le soutien de l’écologiste Nicolas Hulot.

L’ex-Premier ministre de droite Alain Juppé a renouvelé son appel à voter pour Emmanuel Macron « parce qu’il est le seul le 7 mai à pouvoir éviter à la France le malheur du FN ».

« La trahison » de M. Dupont-Aignan, « l’attitude ambigüe » de M. Mélenchon, « l’effondrement » du parti socialiste, « les finasseries de certains de mes propres +amis+ politiques ajoutent à la confusion générale sur laquelle prospère le FN », a-t-il mis en garde.

Fidèle à sa ligne « ni de droite ni de gauche », Emmanuel Macron, qui se présente pour la première fois à une élection, a de nouveau exclu toute « coalition » avec la droite ou le parti socialiste s’il est élu président. Il a évoqué dans le quotidien conservateur Le Figaro « une refondation de la vie politique qui verra des socialistes et des Républicains (parti de droite) me rejoindre individuellement ».

Après avoir retiré de sa profession de foi une mention clivante sur la « souveraineté monétaire », donc la sortie de l’euro, Marine Le Pen a, elle, assuré qu’elle ne voulait « pas le chaos », dans un entretien au quotidien régional Sud-Ouest.

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