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Italie: Silvio Berlusconi, le retour… en 2013

Le Cavaliere se disait prêt à revenir sur le devant de la scène politique. Cela se confirme. Il pourrait devenir la tête de liste de son parti aux législatives prévues au printemps 2013. Explications.

On s’interrogeait récemment sur sa possible résurrection politique… Il semblerait effectivement que Silvio Berlusconi n’ait aucune intention de prendre sa retraite de la vie publique italienne. Il compterait même revenir au poste de président du Conseil qu’il avait dû céder à Mario Monti en novembre dernier, sur fond de crise économique. Après tout, il est déjà revenu au sommet, après être tombé, en 2001 puis en 2008. Pourquoi ne pourrait-il pas rebondir, encore une fois, à 76 ans?

Le Corriere della Sera affirme ce mardi que le Cavaliere pourrait être la tête de liste de son parti aux législatives prévues au printemps 2013 pour tenter de revenir une nouvelle fois à la tête du gouvernement italien. « La décision est prise: Berlusconi présentera de nouveau sa candidature au poste de Premier ministre », écrit le quotidien. Le journal italien ne cite cependant pas ses sources. Mais ces informations ont été partiellement confirmées par un proche de Berlusconi.

« Il y a un grand mouvement de soutien à une nouvelle candidature du président Berlusconi » et « je crois qu’au bout du compte, il décidera de se lancer », a déclaré Angelino Alfano, cité par de nombreux titres comme La Repubblica. Le secrétaire du PDL, le parti de Berlusconi dont il fut le précieux ministre de la Justice, ajoute: « Beaucoup de gens le pressent de le faire, beaucoup de citoyens et beaucoup de gens du PDL et j’en fais partie. »
De tels appels au retour de Berlusconi ont même été parodiés, notamment par le duo humoristique palermitain Troja e Merighi. Détournant le générique italien de la série La Croisière s’amuse, il chante qu’il « veut voter pour lui ». « Silvio, tu dois revenir! », répète l’humoriste, jouant aussi sur le fait que Silvio Berlusconi fut lui-même chanteur à bord des paquebots de croisière de la compagnie Costa Crociere…

Mais revenons à Alfano. Il a estimé « juste et légitime de demander l’opinion du peuple italien sur l’histoire de ces dernières années et sur une nouvelle opportunité de gouvernement ». Il a insisté sur le fait que son mentor a « gouverné pendant des années complexes et cédé le pas à un gouvernement technique sans avoir été battu au Parlement ni avoir perdu les élections ». Un point sensible, alors que la popularité de Monti et de son équipe d’experts baisse, passant de 60% à 40-45% ces deux derniers mois. Et entraînant dans sa chute la cote des trois partis traditionnels.

Alfano répond-il au chantage de Berlusconi?

Etonnants, ces propos d’Alfano, qui sonnent comme un aveu d’échec à prendre le relais à la tête du PDL. En effet, la nomination d’Alfano, 41 ans, au poste de secrétaire du mouvement et de dauphin désigné, n’a pas enrayé sa chute de popularité du PDL. Il « peine encore à en rassembler les morceaux », estimait récemment Alberto Toscano, correspondant d’Italia Oggi.

Pour le journaliste, les récentes gesticulations de Berlusconi, qui affirmait « être toujours là », étaient d’ailleurs un message adressé à sa famille politique. Mis en cause dans plusieurs affaires par la justice italienne, dont le Rubygate, le Cavaliere est toujours député: il faudrait donc un vote de l’Assemblée, et notamment des députés du PDL, pour lever son immunité… Une éventualité à laquelle il répond par le chantage, résumait alors Alberto Toscano: « Défendez-moi encore. Si vous me reniez, je vous nuirai ou vous tomberez avec moi. »

La carte Berlusconi reste un atout pour le PDL

Les commentaires d’Alfano, ce mardi, seraient donc une sorte de réponse apaisante aux menaces voilées du Cavaliere. Mais pas seulement… Ils reflètent aussi un constat: l’implication de Berlusconi dans une prochaine campagne électorale gonflerait automatiquement les résultats du PDL, qui seraient bien pâles sans lui.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Un PDL sans Berlusconi n’arriverait pas à 10%, tandis qu’avec Alfano candidat au poste de chef du gouvernement et Berlusconi impliqué (dans la campagne électorale) et le soutenant, en tant que président du parti, le résultat serait d’environ 18% », écrit le Corriere della Sera. « Si en revanche Berlusconi entrait personnellement dans la course à la présidence du Conseil, avec à ses côtés Alfano et une équipe de jeunes dirigeants, les urnes lui donneraient même 30%, selon les sondages », poursuit le quotidien.

Un ticket Berlusconi-Alfano viendrait donc « booster » les du PDL… pardon de Forza Italia. Le parti serait en effet rebaptisé, croit savoir le Corriere della Sera. Faute de modernisation en profondeur, la droite italienne choisit donc le retour aux sources berlusconniennes.

Par Marie Simon



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