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Italie: le gouvernement Renzi, faisant la place aux jeunes et aux femmes de Renzi, a pris ses fonctions

Le Vif

Le benjamin des dirigeants européens Matteo Renzi et son gouvernement de jeunes et de femmes ont prêté serment samedi à la présidence italienne.

Âgé de 39 ans, Renzi a été le premier à jurer fidélité à la Constitution devant le président Giorgio Napolitano, avant chacun de ses ministres.

Sous les lambris dorés de la présidence, seul manquait à l’appel Pier Carlo Padoan, nommé à l’Economie et aux Finances, parti vendredi de Sydney où il se trouvait pour le G20 mais qui ne devrait arriver que samedi soir à Rome.

M. Renzi, accompagné de sa femme Agnese et de leurs trois enfants, vêtus aux couleurs du drapeau italien, a remercié le président Napolitano pour sa confiance sous le crépitement des appareils photos. « La tâche est difficile mais nous sommes l’Italie, nous y arriverons. Notre engagement: rester nous-mêmes; des gens libres et simples », a tweeté Matteo Renzi avant la cérémonie.

A l’issue de la cérémonie, il s’est rendu au siège du gouvernement pour le passage de consigne avec son prédécesseur Enrico Letta, une formalité achevée en 20 secondes avec une froideur inhabituelle de la part du Premier ministre évincé, ont constaté les journalistes.

Letta, en place depuis seulement dix mois, avait été contraint à la démission le 14 février à la suite d’une motion votée par la direction du Parti démocrate (PD, centre gauche) dont M. Renzi a pris la tête en décembre.

M. Renzi a présidé ensuite son premier Conseil des ministres consacré aux nominations indispensables pour le fonctionnement du gouvernement. Fort de 16 ministres, dont les deux tiers sont nouveaux, ce nouvel exécutif a tout, sur le papier, pour « redonner l’espoir » aux Italiens, selon M. Renzi.

Mais dans les faits, prévenaient les quotidiens italiens, rien n’est moins sûr. « C’est un gouvernement Renzi, et rien d’autre. Beaucoup de nouveaux, peu de personnalités. Beaucoup de femmes, de jeunes (…) un exécutif fait pour un chef », résume Ezio Mauro, directeur du journal Repubblica. Pour Antonio Polito du Corriere della Sera, « ce nouveau gouvernement est la photographie de la recherche avide de nouveauté du Premier ministre ».

Mais il fait face à des « limites »: avec un « Parlement sans (vraie, NDLR) majorité électorale », M. Renzi, comme son prédécesseur, sera contraint de s’appuyer sur une coalition gauche-droite pour gouverner face à une « Europe qui nous regarde encore de travers ».

La Stampa émet des « doutes » sur sa « capacité à peser sur la pire crise économique que l’Italie ait connue depuis la fin de la guerre », avec une dette abyssale (plus de 130% du PIB) et une croissance poussive (+0,1% au 4e trimestre 2013) après deux ans de récession. « Seulement trois techniciens » parmi le gouvernement, composé d’une majorité de « politiques » dont beaucoup inexpérimentés, précise le quotidien, qui déplore aussi l’absence de « personnalités ‘anticonformistes’ que tout le monde attendait ».

Parmi les « technocrates », une figure fait l’unanimité, celle de Pier Carlo Padoan. Chef économiste de l’OCDE, ce Romain de 63 ans « à la valeur indiscutable » est « apprécié à l’étranger, notamment comme négociateur (…) même si en économie, seuls les faits comptent », souligne le quotidien économique Il Sole 24Ore.

L’une des « personnalités » qui fait défaut au gouvernement est certainement le procureur adjoint de Reggio Calabria, symbole de la lutte anti-mafia, Nicola Gratteri, pressenti à la Justice. Selon la presse, M. Napolitano ne voulait pas d’un magistrat comme Garde des Sceaux. « Si le Premier ministre était ce qu’il dit être (porteur de changement, ndlr), il aurait tenu bon sur Gratteri », déplore Il Fatto Quotidiano.

Une inquiétude que partage Ezio Mauro: Renzi, « l’acrobate, est sur un fil seul et sans filet. Espérons qu’il réussisse: car après lui, ne restent que les clowns populistes ».

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