Italie: Cécile Kyenge tient bon face aux attaques racistes

Le Vif

Une élue de la Ligue du Nord a publiquement appelé au viol de la ministre italo-congolaise jeudi soir. Première femme noire en Italie à accéder au rang de ministre, Cécile Kyenge essuie de nombreuses attaques racistes depuis le début de sa prise de fonction.

« Mais personne ne la viole jamais? » La phrase choc d’une élue anti-immigrés et régionaliste du Nord a consterné les Italiens jeudi soir. Dolores Valandro a été expulsée de son parti politique après avoir appelé publiquement au viol de la ministre de l’Intégration Italo-Congolaise, Cécile Kyenge, sur les réseaux sociaux.
Dolores Valandro a partagé jeudi l’article de la page Facebook d’extrême-droite « Resistenza Nazionale » , intitulé « Tous les crimes des immigrés » (supprimé depuis). Celui-ci dénonçait une tentative présumée de viol de deux Roumaines par un Africain à Gênes, que l’élue commente ainsi: »Mais personne ne la viole jamais, juste pour lui faire comprendre ce que peut éprouver la victime de ce terrible délit ? Une honte! »

Même la Ligue du Nord condamne ces déclarations

Depuis l’entrée en fonction du gouvernement d’Enrico Letta fin avril, Cécile Kyenge a été la cible de plusieurs attaques racistes, notamment de membres de la Ligue. Mais cette fois-ci même les dirigeants de ce parti aux positions anti-immigrés sont embarrassés: « Je me dissocie de la manière la plus totale de la phrase violente, stupide et inopportune écrite par (…) Dolores Valandro. Nous prendrons immédiatement des mesures disciplinaires à son encontre et je lui ai personnellement demandé d’enlever cette phrase de son profil Facebook et de présenter ses excuses » à Mme Kyenge, a réagi Massimo Bitonci, chef des sénateurs de la Ligue du Nord et président de la section où est inscrite la conseillère.

Flavio Tosi, maire de Vérone et secrétaire régional de la Ligue du Nord pour la Vénétie, a, lui, dénoncé « une déclaration inqualifiable » annonçant « l’expulsion, dès ce soir », de Dolores Valandro du parti.
La ministre de l’Intégration a déclaré peu après que « tout le monde devrait se sentir offensé par ces déclarations » et a rappelé qu’elle luttait depuis longtemps contre le langage et les comportements violents. Elle a immédiatement reçu le soutien du Premier ministre italien Enrico Letta, qui a déclaré: « Cécile Kyenge a raison. Chacun de nous doit se sentir offensé. Je me sens offensé ». Les propos de l’élue de la Ligue du Nord « ne méritent aucun commentaire, seulement le dédain. Cécile mérite ma solidarité, celle du gouvernement et celle du pays », a ajouté Enrico Letta.

Les attaques xénophobes se succèdent en chaîne

Dolores Valandro, expulsée de la Ligue du Nord, a par la suite présenté ses excuses. « C’est quelque chose que j’ai dit dans un moment de colère. Quand je suis en colère, je me défoule comme ça », a-t-elle déclaré. Cécile Kyenge, 49 ans, est la première femme noire de l’histoire de l’Italie à accéder au rang de ministre. Arrivée en Italie en 1983 de la République Démocratique du Congo, elle se bat depuis sa nomination pour ouvrir un débat sur une réforme de la citoyenneté basée sur le droit du sol. En plus d’être la cible favorite des élus de la ligue du Nord, elle est également dans le viseur d’un groupuscule d’extrême droite , « Forza Nuova » , qui avait accroché une banderole raciste et offensive devant le siège du Parti démocratique de Macerata avec inscrit « Kyenge, retourne au Congo. » Ce type de déflagrations avait également eu lieu au siège du Parti démocratique de Pesaro.

Sur la même longueur d’onde, l’ex-sénateur de la Ligue du Nord Erminio Boso avait dénoncé en termes grossiers la nomination de Cécile Kyenge au gouvernement italien: « Je suis raciste et je ne l’ai jamais nié. Kyenge doit rester chez elle, au Congo. C’est une étrangère. Sa nomination « est une décision à la con, un éloge à l’incompétence (…) Elle a la tête d’une femme au foyer ». Pour le même type de déclarations à l’encontre de la ministre, le député européen de la Ligue du Nord, Mario Borghezio, a été exclu début juin des rangs du groupe EFD du Parlement européen pour ses propos racistes.

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