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Israël s’en prend aux ONG marquées à gauche

L’extrême droite intensifie son offensive législative contre les institutions classées à gauche, notamment les ONG. Il s’agit cette fois de limiter les financements venus de l’étranger.

Le camp ultra-nationaliste en Israël a obtenu le feu vert du gouvernement à deux propositions de loi controversées ciblant le financement d’ONG israéliennes hostiles à l’occupation et à la colonisation des Territoires palestiniens, ce dimanche. Un nouveau point dans sa campagne tous azimuts contre les institutions classées à gauche.

Les propositions de loi sur les ONG prévoient de limiter leur financement par des Etats ou des institutions internationales qui cherchent « à influencer la politique diplomatique et sécuritaire d’Israël », et de les taxer de façon draconienne. Si elles entraient en vigueur, ces deux lois permettraient de limiter les activités d’ONG marquées à gauche, qui reçoivent notamment des subventions de l’Union européenne.

En revanche, elles ne porteraient pas atteinte à des ONG de droite ou d’extrême droite qui financent la colonisation grâce à l’appui d’organismes privés juifs ou fondamentalistes chrétiens, en particulier américains. Un chroniqueur du quotidien Yédiot Aharonot met le doigt sur ce point: « Comment interdire les fonds versés aux organisations de gauche… quand dans le même temps on accepte des milliards des Etats-Unis? »

Cette initiative fait fi des protestations d’associations de défense des droits de l’Homme, de juristes, d’une grande partie des députés de la Knesset -où la loi doit encore être examinée- et de la communauté internationale. Netanyahu et dix ministres ont voté pour, et cinq contre. La chef l’opposition, Tzipi Livni, à la tête du parti centriste Kadima, a estimé que cette initiative « traduisait une tendance du gouvernement à étouffer toute critique interne et à confondre patriotisme et ultranationalisme ».

Vague de textes polémiques

Lundi, sauf nouveau report, le gouvernement de Benjamin Netanyahu devrait aussi soumettre à la Knesset (Parlement) un projet de loi visant à modifier la composition de la commission de désignation des juges à la Cour suprême, en vue d’obtenir la nomination d’un juge connu pour ses opinions de droite. La semaine prochaine, le gouvernement est censé examiner une autre proposition de loi accordant un droit de veto aux parlementaires, en majorité de droite, à la désignation des juges de la Cour suprême, institution qui est la bête noire de l’extrême droite et des ultra-orthodoxes religieux.

Dans le même esprit, des députés qui dénoncent le comportement jugé « antinational » de certains journalistes proposent d’aggraver la législation sur la diffamation.

Et cet été, déjà, l’extrême droite était parvenue à faire adopter une loi interdisant en Israël d’appeler au boycottage des colonies. Dans la pratique, cette loi n’est pas appliquée, mais elle permet de poursuivre des artistes qui afficheraient leur refus de se produire dans des colonies, des professeurs qui refuseraient publiquement d’y donner des conférences, et des associations qui exhorteraient à ne pas consommer leurs produits.

« Instaurer la dictature de la majorité »

« Il s’agit ni plus ni moins d’instaurer une dictature de la majorité par cette triple offensive » qui vise les ONG, le pouvoir législatif et la liberté de la presse, a estimé lundi un commentateur de la radio publique, Moshé Negbi. « Ils ne veulent pas de la démocratie », titre à la Une le quotidien à grand tirage Yédiot Aharonot. « Ils en ont assez des règles du jeu de la démocratie occidentale. Elle n’a jamais été à leur goût. Maintenant, ils sont décidés à la détruire », accuse son journaliste vedette Nahum Barnéa.

Au sein même de la coalition de droite, plusieurs ministres et députés ont réitéré leur hostilité à ces projets de loi. Même le conseiller de Netanyahu sur les questions de sécurité nationale, Yaakov Amidror, considéré pourtant comme un « faucon », a fait part de son opposition compte tenu des réactions négatives en Europe. « Cette vague de lois menace les fondements de la démocratie à l’heure où Israël fait valoir son caractère démocratique de par le monde », a averti lundi le président de la Knesset, Réuven Rivlin.

Levif.be avec L’Express.fr

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