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Israël: qui était le « prisonnier X », mort en 2010 dans une cellule d’isolement?

Le Vif

Le gouvernement israélien avait caché aux médias la mort en 2010 d’un détenu lié au Mossad. L’identité de cet homme, le « prisonnier X », est restée inconnue, jusqu’à ce qu’un reportage diffusé mardi à la télévision australienne relance l’affaire.

L’histoire ressemble à un film d’espionnage, écrit le New York Times. Un prisonnier sans nom, lié au Mossad -les services secrets israéliens- est retrouvé pendu, en 2010, dans sa cellule d’isolement de la prison de haute sécurité d’Ayalon. Celle-là même conçue pour « accueillir » Yigal Amir, l’assassin de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin. Les autorités ont alors tout fait pour empêcher les médias de traiter l’information.

Black out médiatique

L’affaire s’était pourtant ébruitée quand le site Ynet news avait publié un article titré « Qui êtes vous M. X? ». Celui-ci évoquait un détenu enfermé dans des conditions ultra-secrètes, dont ni le crime ni le nom n’étaient connus de ses gardiens. Il n’était autorisé à recevoir aucune visite et n’avait pas droit à l’assistance d’un avocat.
La censure gouvernementale s’était alors mise en branle en Israël. Un site d’information israélien s’est vu forcé de retirer des articles relatifs au mystérieux détenu. Plusieurs journalistes ont même été interrogés par les policiers, jusqu’à ce que l’affaire soit enterrée.

Le « prisonnier X », un espion australien père de deux enfants

Un reportage diffusé mardi à la télévision australienne a relancé l’affaire. Celui-ci indique que le « prisonnier X » est un Australien, âgé de 34 ans au moment de sa mort, père de deux enfants, devenu agent secret pour Israël.

Selon la chaîne australienne ABC, le « prisonnier X », originaire de Melbourne, se nomme Ben Zygier. Il aurait émigré en Israël en 2000, se serait marié avec une Israélienne avec qui il a eu ses deux enfants. A son arrivée en Israël, Ben Zygier a pris le nom de Ben Alon, mais il utilisait aussi celui de Ben Allen. Selon le quotidien The Age, Ben Zygier serait le fils de Geoffrey Zygier, directeur de la B’nai B’rith Anti-Defamation Commission, et l’un des dirigeants de la communauté juive de Melbourne. Sa dépouille a été expédiée en Australie une semaine après son décès, mais sans que l’on sache alors qu’il était le « prisonnier X ». Les raisons pour lesquelles le « prisonnier X » a été traité ainsi par Israël demeurent floues. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme dénoncent cette opacité, qui viole la loi.

Les gouvernants israéliens « vivent dans un siècle passé »

Aluf Benn, rédacteur en chef du quotidien Haaretz, a indiqué que le gouvernement israélien lui a ordonné de détruire les articles relatifs au reportage diffusé mardi, après une réunion d’urgence convoquée par le Premier ministre, aussitôt après la diffusion du programme d’ABC. « Ils vivent dans le passé, malheureusement, a commenté Aluf Benn à propos des dirigeants israéliens. Aujourd’hui, tout ce qui est publié sur les sites d’information est disponible sur Facebook et sur Twitter. Il est impossible de faire disparaître une histoire. J’espère qu’il sont plus à la page en ce qui concerne leur travail. » Si ces allégations sont fondées et qu’Israël a caché sa détention, il s’agit d’une « disparition » selon la loi internationale, a déclaré Bill van Esveld, de l’association Human Rights Watch.

Du côté des politiques, de nombreux responsables estiment que la lumière doit être faite sur ce dossier. « Le peuple israélien saura tôt ou tard ce qui est arrivé », a déclaré Nahman Shai, membre du parti travailliste, qui, au côté du député arabe Ahmad Tibi et du leader du Meretz Zahava Gal-On, a porté l’affaire devant le parlement.
L’affaire commence aussi à rebondir en Australie où les spéculations vont bon train sur le silence des autorités australiennes sur l’affaire. Qu’en savaient-elles exactement?

Par Alexandre Arlot

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