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Israël : Netanyahu face à un « puzzle très compliqué » après les élections

Le Vif

Le Premier ministre de droite israélien Benjamin Netanyahu devrait rester au pouvoir, mais au prix d’une ouverture au centre, à la suite de la percée surprise de Yesh Atid, le parti centriste laïc de l’ex-journaliste vedette Yaïr Lapid.

Selon les premières estimations, la liste de M. Netanyahu a subi un grave revers avec 31 députés contre 42 dans le Parlement sortant. En revanche, Yesh Atid, pour sa première élection a obtenu 18 ou 19 députés, devançant le deuxième parti israélien. M. Netanyahu a aussitôt pris acte de ce nouveau rapport de forces. Il a téléphoné à Yaïr Lapid pour lui expliquer qu’il avait l’intention « de former un gouvernement le plus large possible ». « Nous avons l’occasion de faire de grandes choses pour Israël. La campagne électorale est derrière nous », a ajouté M. Netanyahu dans un communiqué.

Le commentateur de la radio militaire a estimé que M. Netanyahu « au vu des résultats n’aura pas d’autre choix que de proposer à Yaïr Lapid un des trois grands ministères: la Défense, les Affaires étrangères ou les Finances ».

Mais pour constituer une majorité, M. Netanyahu a également l’intention de maintenir son alliance avec les ultra-orthodoxes du Shass qui obtiennent entre 11 et 13 sièges et la Liste Unifiée de la Torah (6 députés). M. Netanyahu est également tenté de rallier le Foyer juif, une formation nationaliste religieuse (12 députés) qui prône une intensification de la colonisation des Territoires palestiniennes.

Or, les ultra-orthodoxes et Yaïr Lapid ont des positions de départ contradictoires sur la question ultra-sensible du service militaire des jeunes ultra-orthodoxes qui en sont dans leur grande majorité exemptés jusqu’à présent.

Sur la question du processus de paix, M. Netanyahu va également devoir trouver un dénominateur commun entre le Foyer Juif et Yesh Atid, partisan de la solution à deux Etats, autrement dit pour la création d’un Etat palestinien à côté d’Israël, catégoriquement rejetée par le parti des colons. Tzahi Hanegbi, un député élu du Likoud-Israël Beiteinou estime toutefois que M. Netanyahu est en mesure d’assembler ce qu’il a qualifié de « puzzle très compliqué ».

Moins optimiste, Dov Weissglass, ancien conseiller diplomatique de l’ex-Premier ministre Ariel Sharon, a pour sa part affirmé à la chaîne de télévision 10 que les différents partis de la future coalition auraient la plus grande difficulté « à accorder leurs violons alors qu’Israël est actuellement totalement isolé et sera probablement confronté dans quelques mois à une initiative de paix des Européens ».

Sur le front économique et social, M. Netanyahu va devoir également tenir compte du message de Yaïr Lapid, qui n’a cessé de se présenter comme le défenseur inconditionnel des classes moyennes. Le parti centriste exige une plus juste répartition du « fardeau fiscal », notamment en soumettant les ultra-orthodoxes à l’impôt dont ils sont exemptés jusqu’à présent, ainsi qu’une nouvelle politique du logement afin de provoquer une baisse des prix de l’immobilier qui ont flambé ces dernieres années.

Or, M. Netanyahu, confronté à un déficit budgétaire deux fois plus important que prévu en 2012, avait l’intention de procéder à des coupes, notamment dans les dépenses sociales, qui devraient affecter les classes moyennes.

Les tractations pour constituer une majorité ont commencé dès mardi soir et se poursuivront la semaine prochaine. Le président Shimon Peres entamera mardi ou mercredi prochain ses consultations afin de déterminer qui a le plus de chances de former la nouvelle coalition.

Selon toute vraisemblance, M. Netanyahu devrait être désigné. Il disposera ensuite d’un délai de 14 jours, éventuellement renouvelable, pour constituer son gouvernement et se présenter devant le Parlement pour en obtenir l’investiture.

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